L’immigration est un sujet tabou et qui peut vite devenir clivant. D’ailleurs, la récente actualité a vu repousser l’examen de la future loi sur l’immigration qui devait avoir lieu au Sénat, le 28 mars. On ne sait d’ailleurs plus trop bien à quoi celle-ci ressemblera car Emmanuel Macron a indiqué lors de sa dernière intervention télévisuelle, mercredi 22 mars, que le projet de loi serait « réagencé » et qu’il « y aura sans doute plusieurs textes ». Au-delà du débat national, en région Centre-Val de Loire, la question de l’accueil et de l’intégration des étrangers primo-arrivants faisait l’objet d’un séminaire plein à craquer, la semaine dernière, mais aussi l’occasion de la signature du premier contrat territorial d’accueil et d’intégration par une région en France.
Une terre d’accueil
De la guerre en passant par les transformations climatiques, François Bonneau a rappelé la réalité vécue par les personnes en exil et qui « sont menacées dans leur vie. Nous voulons toujours leur apporter la plus grande attention. Les solutions ici n’empêchent pas celles initiées ailleurs », a insisté l’élu, convaincu que le réchauffement climatique engendrera de nouveaux phénomènes migratoires. Pour Didier Aubineau, directeur régional délégué de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS), « ce premier CTAI entre la Région et l’État est important car il montre la capacité de la Région à faire ensemble ». Le représentant de la DREETS a également rappelé l’attachement « du président de la République à cette intégration républicaine ». Près de 3 000 contrats d’intégration républicaine (NDLR : contrats conclus entre l’État français et tout étranger non européen admis au séjour en France souhaitant s’y installer durablement) sont ainsi signés chaque année dans la région.
Un parcours accéléré
Ce fameux contrat territorial d’accueil et d’intégration (CTAI) est un outil qui permet d’accélérer le parcours des étrangers primo-arrivants (depuis moins de cinq ans en France, demandeurs d’asile accueillis et réfugiés) en permettant un accompagnement à la maîtrise de la langue, un accès à l’emploi, à la formation mais aussi au logement, aux soins et aux droits. Deux publics prioritaires ont été identifiés par les parties prenantes : les jeunes de moins de 25 ans et les femmes. En effet, 72 % des personnes étrangères accompagnées ont un niveau de maîtrise de la langue française insuffisant pour accéder à un emploi. Au-delà de l’apprentissage linguistique, le dispositif vise aussi à l’accès à la qualification et à la valorisation des compétences (VAE) ainsi qu’à la formation professionnelle. Les formations, mises en place par la Région, de type Défi ou Combo parfait, sont donc fléchées. « Le nombre de places n’est pas un sujet. J’ai été frappé de voir les réfugiés ukrainiens se diriger naturellement vers les secteurs en tension, comme la restauration », observait le président de Région. Ce parcours accéléré vient compléter l’offre déjà existante comme le dispositif HOPE, porté par l’AFPA avec les opérateurs de compétences Akto et Constructys, qui associe hébergement, orientation et parcours vers l’emploi depuis 2017 avec près de 72 % de personnes en emploi, à l’issue de la formation. Une formation métier orientée vers les besoins non pourvus des entreprises.