Il n’était pas question, pour beaucoup d’Orléanais et d’Orléanaises, de manquer la manifestation. Comme chaque année, le 28 septembre, un appel au rassemblement était formulé par des soutiens féministes, syndicaux et politiques pour célébrer la Journée internationale du droit à l’avortement. « Nous avons trois dates importantes dans l’année, que nous marquons toujours par une action », indiquait la coordinatrice d’Offensive Féministe 45, collectif d’individus à l’initiative du rassemblement. Si le 28 septembre faisait référence à la Journée internationale du droit à l’avortement, le 25 novembre est dédié à la lutte contre les violences faites aux femmes et le 8 mars à la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes.
À l’heure où certains pays font marche arrière et pénalisent cet acte de liberté pour les femmes que représente l’interruption volontaire de grossesse, l’accès à l’avortement est aujourd’hui un sujet brûlant, « Les politiques en matière de natalité sont sur une pente dangereuse », poursuit la coordinatrice du mouvement. Alors que l’Italie a célébré il y a dix jours la victoire aux récentes élections législatives du parti post-fasciste de Giorgia Meloni, très hostile à l’avortement, les États-Unis avaient déjà commencé à freiner des quatre fers, fin juin, en donnant la responsabilité à chaque État américain de choisir de rendre ou non l’acte de l’IVG condamnable. En réaction, début juillet, une première manifestation s’était organisée à Orléans, et elle avait déjà mobilisé plusieurs dizaines de personnes. « Cette fois-ci, nous avons eu le temps d’organiser au mieux afin que ça soit encore plus marquant, poursuit la coordinatrice, qui n’a pas souhaité révéler son identité. Nous tenons à rester joyeux dans la lutte, c’est pour cette raison que nous nous sommes associés à une chorégraphe pour inventer des gestes chorégraphiés pendant la déambulation. Après tout, nous parlons d’IVG et de nos rapports à nos corps ! »
« Les droits des femmes ne sont jamais acquis »
Parmi les 300 personnes présentes la semaine dernière à Orléans, de nombreux hommes étaient de la partie. « C’est une affaire de solidarité internationale », exprimait ainsi Julien, qui avait prévu d’être là et s’est dit « particulièrement touché par le sujet ». « On sait qu’il y a la Pologne, Malte, les États-Unis et maintenant l’Italie… Ça se rapproche et ça fait peur. » Même réaction pour Pierre, qui expliquait avoir accusé le coup après le résultats des élections italiennes : « Sur l’inconscient collectif, ça joue… ». Certaines militantes féministes étaient d’ailleurs très claires : « Les droits des femmes ne sont jamais acquis », s’exclamaient-elles. Concernant l’accès à l’avortement en France, la coordinatrice d’Offensive Féministe 45 estime qu’il reste « difficile ». « Il n’y a pas de place dans les délais que notre corps nous impose, énormément de femmes sont obligées de pratiquer l’avortement clandestin en se rendant dans un autre pays. » Et le chiffre donné faisait froid dans le dos : plus de 25 millions d’IVG dangereuses sont encore pratiquées dans le monde chaque année, causant la mort d’une femme toutes les neuf minutes des suites d’un avortement illégal.
