À 28 ans, Barbara Pravi est auteure, compositrice et interprète. Elle a notamment écrit pour Florent Pagny, Yannick Noah, Chimène Badi ou encore Jaden Smith outre-Atlantique. Après s’être longtemps sentie plus parolière qu’autre chose, elle revendique désormais cette triple casquette. « Écrire, cela me rend heureuse, confie- t-elle. C’est impossible pour moi de ne pas fabriquer, ne pas être dans un processus de création. Je serais bien malheureuse de ne faire que chanter ou qu’écrire ! » Pour faire parvenir ses chansons jusqu’à nous, elle dépose ainsi tout ce qu’elle a « là », comme elle le dit dans Voilà, la chanson sélectionnée pour l’Eurovision. Difficile alors de ne pas penser à l’héritage multiculturel et familial qui la nourrit au quotidien, ces inspirations serbes, croates et autres ouvrant grand son horizon lyrique. « Quand je crée, énonce-t-elle, je ressens des émotions vagues, comme des piques au plexus solaire et je suis habitée par le besoin de mettre des mots là où il n’y en a pas, de détacher ces émotions comme des petits raisins. »
Première à L’Unisson
Si le spectacle musical Un été 44 l’a fait connaître en 2016, l’Eurovision a évidemment propulsé la carrière de la jeune femme. « L’Eurovision, on dirait la Conférence de Yalta ! s’amuse-t-elle rétrospectivement. C’est le deuxième show le plus regardé au monde et l’organisation est incroyable. J’ai fini deuxième, mais je suis première à Saint-Jean-de-Ruelle… C’est encore mieux ! » Un bon mot pour rappeller que la jeune femme inaugurait en effet vendredi dernier la toute nouvelle salle stéoruellane de L’Unisson, qui a fait le plein (300 spectateurs) pour l’occasion. Accompagnée d’un pianiste et d’une contrebassiste dont elle s’est faite complice, elle a entrecoupé quelques chansons mélancoliques, dont Les Prières, avec son humour rafraîchissant. Sa voix, dont les effets sont maîtrisés et le timbre ravissant, fut une agréable surprise sur ce format live et ses paroles auront ému – comme réveillé… – l’assemblée. En somme, Barbara Pravi est apparue proche de son public, accessible et élégante. Heureuse aussi comme un poisson dans l’eau ou comme un oiseau dans l’air, comme le proclame son titre, On n’enferme
pas les oiseaux.
Malgré ses succès passés et présents, la chanteuse garde la tête froide. « Je n’étais pas du tout attendue, ce qui m’offre un certain confort : le public n’a pas d’exigences à mon égard et me découvre », explique Barbara Pravi, qui regrette la déshumanisation de l’artiste qu’elle a pu constater -heureusement rarement- lorsque la personne n’est pas dissociée de son image publique. « Je chante les sujets de monsieur et madame Tout-le-monde, avec les mots de tout le monde, continue-t-elle. Je n’appartiens à personne mais ma musique, elle vous appartient, et cette nuance, tout le monde ne la fait pas. »