Même si les visiteurs ont actuellement déserté le château de Meung-sur-Loire, son propriétaire, Xavier Lelevé, ne chôme pas : un chantier occupe en effet le pavillon sud. « Il y a la toiture, la charpente, le ravalement et le changement des pierres, énumère cet amoureux du patrimoine. 90 % d’entre elles sont à changer ! Cela représente près de 40 m3… » Les chiffres ont de quoi surprendre, car l’on pourrait croire qu’un château est bâti pour tenir des siècles. Mais « le problème est l’absence de véritables travaux depuis près de 120 ans… », explique le propriétaire. Après la chapelle et la tour nord, « ce pavillon sud-est était notre urgence, continue-t-il. On frôlait la mise en péril. »
Parmi les ennemis du château, un terrible champignon : la mérule. « Elle met parfois 15 ans à se déclarer. Je me suis aperçu de sa présence grâce à une trace sur un rideau. Il y en a pas mal dans le Loiret or, c’est un vrai tabou ici, dissèque Xavier Lelevé. D’ailleurs, je sais qu’il y en a dans d’autres maisons de Meung-sur-Loire. »
Des dons des… États-Unis !
Outre ce problème, pour conserver un maximum d’éléments, des spécialistes sont intervenus pour désinfecter et restaurer ce qui pouvait l’être dans le château. 908 000 € sont consacrés aujourd’hui à ce colossal chantier, dont une partie a été apportée par la mission Bern. En effet, 148 000 € sont issus du Loto du Patrimoine, lancé il y a quelques mois par l’État. À cela s’ajoute une aide via le Club des mécènes de la Fondation du Patrimoine à hauteur de 18 000 €, et une collecte via cette même Fondation du patrimoine pour acheter des ardoises du château (www.fondation-patrimoine.org/les-projets/chateau-de-meung-sur-loire). D’ailleurs, pour financer les 26 000 ardoises de la toiture, le public est invité à faire un don et écrire son nom au dos de l’ardoise (ou via un message envoyé). « Il y a un engouement très fort qui dépasse les frontières de la région, se réjouit Xavier Lelevé. Nous avons des dons de Belgique ou des États-Unis, certains s’élevant à 30 000 € ! Cela montre l’importance du patrimoine. » La semaine dernière, plus de 64 000 € étaient déjà collectés sur les 74 000 € espérés pour boucler le budget toiture.
Outre ce chantier qui devrait se terminer en novembre, le propriétaire veut aussi revoir ses jardins. « Nous sommes, sur ce dossier, accompagnés par la DRAC et des spécialistes, car les jardins étaient particulièrement élaborés, avec une thématique autour de l’eau, rappelle Xavier Lelevé. Nous avons pu retrouver les anciens tracés, mais il faut pouvoir les recréer en tenant compte des contraintes de notre époque, comme les problèmes de sécheresse, la pyrale du buis, etc… » L’école de la Mouillère, à Orléans, travaille d’ailleurs « sur une dizaine de projets pour le jardin bas. » Si la renaissance du château des évêques d’Orléans est en marche, reste à savoir quand il rouvrira au public. « On piste Disney, ils annoncent le 2 avril ! », veut croire Xavier Lelevé.