Clara, rappelez-nous comment s’est déroulée cette agression, dans la nuit du 8 au 9 mai ?
Il était environ 1 h du matin quand plusieurs d’entre nous ont repéré des intrus dans le bâtiment. Nous avons entendu des cris et des coups, vraisemblablement des gens qui attaquaient le gardien. Nous avons été quelques-uns à nous diriger vers le sas d’entrée quand l’un des nôtres a été agressé physiquement. Ceux qui sont arrivés derrière – dont moi – l’ont protégé et ont repoussé les agresseurs. Une jeune femme a aussi pris un coup en plein visage quand elle leur a demandé ce qu’ils faisaient là. Nous nous sommes retrouvés face à un groupe qui renvoyait de la haine sans justification apparente. Rien n’a été dit. Nous avons été plusieurs à être agressés sans qu’aucune explication ne soit donnée.
Pourquoi êtes-vous persuadée qu’il s’agit de personnes issues de la mouvance d’extrême droite ?
On laisse faire la police faire son travail pour identifier les agresseurs. Mais nous avons un certain nombre d’indices qui nous font penser qu’il s’agissait de personnes qui étaient présentes au rassemblement d’extrême droite, place du Martroi, le samedi après-midi (voir encadré) pendant que nous défilions à côté contre la réforme de l’assurance-chômage. Ce n’est pas une agression revendiquée politiquement : il s’agit plutôt de méthodes d’intimidation et de déstabilisation utilisant la violence brute, rappelant des méthodes d’extrême droite. Mais nous ne sommes pas en lutte contre eux, ce n’est pas une bataille politique, c’est un mouvement social et c’est cela qu’ils ont attaqué : des gens qui se battent pour leurs droits.
Est-ce-que vous pensez que le climat entrevu à Orléans ces derniers jours a pu jouer dans cette agression ?
Certainement, bien qu’on puisse ajouter au niveau national les attaques du 1er mai contre la CGT ou contre des syndicalistes à Angers. En ce moment, des gens sont visés parce qu’ils sont en lutte sociale. D’ailleurs, ce qui me frappe, c’est que ces personnes qui ont pénétré dans le théâtre l’aient fait sans même chercher à masquer leur identité…
Avez-vous peur de continuer votre action, ou au contraire, cela renforce-t-il votre détermination ?
Nous sommes encore plus déterminés. C’est une épreuve qui soude d’autant plus notre collectif, et puis nous avons eu beaucoup de soutiens. Il faut être vigilant, mais on n’a aucune raison de détourner notre action tant que nous n’avons pas été entendus sur l’ensemble de nos revendications.
Qu’avez-vous prévu pour la suite ?
On continue nos actions à chaque fin de semaine avec les « vendredis de la colère », et des manifestations régulièrement mises en place les samedis. D’autres actions surprises sont prévues prochainement. Nous inventons à chaque fois de nouvelles façons d’attirer l’attention sur cette réforme de l’assurance-chômage, qui devient de plus en plus impopulaire.
* Le prénom a été modifié