Un gilet de dix kilos, deux poids accrochés aux poignets d’un kilo et demi, des mitaines en cuir et des sous-gants, deux chevillières de plus de deux kilos… Pas facile de circuler avec ce genre d’accessoires sur soi ! Pourtant, ces handicaps sont ressentis au quotidien par de nombreuses personnes âgées. Pour se mettre davantage à leur place, le réseau Domitys a décidé de créer un kit de vieillissement à destination des personnes qui sont en contact avec leurs résidents : femmes de ménage, infirmières, auxiliaires de vie, kinésithérapeutes. Au mois d’octobre dernier, pendant trois semaines, cette combinaison a été testée durant des sessions organisées les matins et après-midis dans la résidence orléanaise Le Jardin Fleuri, composée de 110 logements allant du studio aux trois pièces.
Mieux appréhender les difficultés
Directrice de la résidence Domitys à Orléans depuis 2012, Laurence Lechowicz détaille ce simulateur de vieillissement : « une minerve a été placée autour du coup, car les seniors n’ont plus la vue aussi périphérique qu’avant. Il y a également des poids au niveau des jambes, des coudes et des articulations, mais aussi un casque sonore sur les oreilles » pour diminuer l’audition. Durant les sessions d’expérimentation de ce « kit de vieillissement », un appartement a été aménagé et un chemin tracé pour reproduire les gestes du quotidien, comme lever le bras vers le micro-ondes, ramasser un objet ou sortir du lit. « Tant que l’on n’a pas vécu cette expérience, on ne sait pas vraiment », résume Laurence Lechowicz. Trois grandes difficultés ont été mises en avant par ce simulateur : l’altération de la motricité, de l’audition et de la vision, à travers des lunettes imitant le jaunissement
du cristallin.
Selon la directrice de la résidence orléanaise, les réactions de ses équipes sont très positives : « cela a changé certaines visions que l’on pouvait avoir, et l’on a pu faire un parallèle avec la maternité lorsque, dans les derniers mois de la grossesse, les gestes sont beaucoup plus lents… » Par exemple, les salariés qui ont enfilé cette combinaison ont compris pourquoi certains résidents regardaient leurs pieds avec insistance quand ils marchaient : « le poids se met en avant », explique Laurence Lechowicz. Si son équipe était déjà dans l’écoute avec les résidents, l’empathie envers ces derniers se serait encore davantage renforcée : « nous sommes encore plus dans la compréhension et pouvons mieux entendre qu’ils soient fatigués dès le matin, car ils ne savent pas comment ils vont se réveiller, s’ils ont passé une bonne nuit, etc. Il y a beaucoup de choses qui entrent en jeu. » À l’avenir, les professionnels du secteur et les collaborateurs du groupe Domitys souhaitent adapter leur manière de travailler avec ces personnes âgées, afin de développer leur autonomie.