Il suffit de se promener dans les couloirs du 108 pour en faire le constat : Orléans regorge de compagnies de spectacle vivant, dont le nom n’évoque pas grand-chose au public lambda, qu’il soit friand (ou non) de théâtre, de danse ou d’autres formes artistiques expressives. Il y a quelques têtes de gondoles – Théâtre de l’Éventail, Krizo Théâtre ou encore Allo Maman Bobo… et encore, cette sélection reste subjective, ndlr – et il y a les autres. Celles-ci ont-elles leurs places dans les programmations des municipalités de la métropole ? « C’est vrai que la période post-Covid est compliquée, constate Olivier Deweer, comédien et responsable des projets artistiques de la compagnie Fabrika Pulsion. Les formes très légères tirent leur épingle du jeu car il s’agit d’alléger les coûts et les conditions techniques. Il y a aussi une grosse problématique sur la diffusion : on n’arrive plus à recruter du personnel pour faire ce métier dont la mission est de vendre nos spectacles. »
Réseaux, niches et succès internationaux
Ces compagnies « méconnues » des Orléanais ne sont pas les plus petites, bien au contraire. Beaucoup tournent à plein régime… mais pas forcément à Orléans. « C’est difficile à dire pourquoi, mais c’est toujours plus facile de jouer ailleurs », indique Mohamed El Khatib, directeur de Zirlib, dont le siège est au 108. Celui-ci a saisi, à ses débuts, de belles opportunités sur le territoire et il y a monté sa compagnie, avant d’aller voir au-delà de la place du Martroi. « Aujourd’hui, nous avons 150 dates par an en France et dans une dizaine de pays, mais l’attachement à Orléans reste. Le fait d’y jouer n’est pas tellement ce qui nous intéresse : je pense surtout que la compagnie se doit d’être une ressource au service des Orléanais. »
Pour Jonathan Waite, qui a monté récemment la compagnie Fish & Chips – laquelle prend racine autour du théâtre anglais –, la démarche est similaire. « L’idée, ce n’est pas de faire des résidences dans le sud de la France, mais des occasions au national se sont présentées. Nous sommes aussi dans des réseaux spécifiques qui s’illustrent surtout ailleurs que dans l’Orléanais », indique le professionnel en faisant allusion, en ce qui le concerne, au théâtre de rue. La compagnie 60 Décibels arpente quant à elle les festivals de contes, tandis que So Ham Bügun dialogue plutôt à l’international sur son théâtre intuitif et protéiforme mêlant le cirque et la danse. Certaines même brillent à l’autre bout du monde depuis Orléans : c’est le cas de la Tortue magique, que des générations d’Orléanais connaissent certes via le théâtre du Parc Pasteur, mais qui vient de se retrouver primée à un festival de film indépendant à Los Angeles. Rien que ça !