Les salons de coiffure de la métropole orléanaise connaissent aujourd’hui, comme dans beaucoup de secteurs, des difficultés de recrutement : si les métiers de la coiffure promettent des débouchés, ils souffrent encore parfois d’un manque global de valorisation. Au CFA du Loiret de la Chambre de Métiers Centre-Val de Loire, on forme 230 élèves par an à la coiffure, dont 70 % en CAP, 10 % en mention complémentaire et 15 % en Brevet professionnel, le sésame obligatoire pour ouvrir un salon. « 79 % des élèves sortant du CAP poursuivent vers une mention complémentaire ou un BP, car il n’y a que 15 % des diplômés qui vont avoir en emploi directement à l’issue de leur CAP, explique Jérôme Kohn, directeur du CFA 45 de la CMA. Ensuite, le taux d’insertion total de nos jeunes est de 94 %. » Un élève formé à la coiffure trouvera donc assez facilement un emploi. Pourtant, les marges de manœuvre sont faibles pour les employeurs. Car le métier est dur et parfois pénible : certains coiffeurs font ainsi état de journées de travail longues de huit ou neuf heures, debout, avec des pauses déjeuner réduites à la portion congrue. « Il y a également des allergies qui ne se déclarent pas forcément tout de suite, ou des troubles musculo-squelettiques qui apparaissent, reconnaît Laurence Gudin, directrice pédagogique du CFA du Loiret de la CMA. Cela veut dire qu’il y a un très petit réservoir de gens qualifiés sur le marché. » Au CFA, on constate que, comme dans d’autres secteurs, les conditions d’emploi proposées par les entreprises jouent fortement sur les recrutements. On observe aussi que les profils des candidats à la coiffure ont changé (la profession est aujourd’hui féminine à hauteur de 60 %, ndlr). « Nous voyons également arriver de plus en plus de jeunes après le bac, dont l’objectif n’est pas toujours le CAP mais plutôt des postes de managers ou la reprise d’entreprise. »
Miroirs connectés
La formation initiale aux métiers de la coiffure est un socle de base, qui permet donc d’appréhender la grande majorité des spécificités des métiers. « Quand on ouvre un salon, à part changer sa décoration tous les deux ans, il y a finalement peu d’évolution », résume Jérôme Kohn. Cependant, le secteur doit s’adapter aux nouvelles exigences des clients. « Depuis 2017, nous avons ainsi engagé une veille permanente sur les besoins en consommation dans le monde, poursuit le directeur du CFA de la CMA. Par exemple, il existe un consommateur urbain qui veut optimiser son temps chez le coiffeur. En même temps, il faut concilier ce désir avec une exigence technique qui touche la santé, avec l’utilisation des produits utilisés. » De même, la coiffure intègre désormais de nouveaux outils numériques. Le CFA de la CMA du Loiret a par exemple mis en place des prototypes de miroirs connectés permettant de simuler une coiffure. Autre innovation possible : la mise à disposition d’une tablette permettant au client de faire ses courses ou de lire des magazines. Le CFA a ainsi développé, avec le coiffeur Raphaël Perrier, trois prototypes. L’établissement a aussi développé un scanner capillaire, dont « le but est de créer une carte d’identité capillaire de la cliente. C’est un moyen de la fidéliser et de valoriser le savoir-faire du coiffeur ».
Autres temps, autres mœurs : la gestion des protocoles sanitaires fait aussi partie des enseignements du CFA, tout comme l’emploi des produits naturels. Le coiffeur de demain mariera donc bien technologie et naturel.