Pour que procureurs de la République, présidents de Tribunal, magistrats, services de police, membres du Centre hospitalier régional d’Orléans soient réunis dans un même lieu, c’est que le jeu en vaut la chandelle… Mardi dernier, tout ce beau monde assistait à la signature officialisant la présence d’Orko, un « chien d’assistance judiciaire » qui sera présent lors de différentes étapes de la procédure judiciaire, que ce soit à l’unité médico-judiciaire pour mineur ou à la barre des Assises pour les jeunes victimes. « C’est une évolution de l’institution judiciaire, souligne Julien Simon-Delcros, le président du Tribunal judiciaire d’Orléans. Nous arrivons à une approche globale des victimes, par le biais notamment de la présence bienveillante et apaisante de ce chien. » « L’objectif est d’aider à ce que les enfants vivent mieux chaque étape de la procédure judiciaire », ajoute Emmanuelle Bochenek-Puren, Procureure de la République d’Orléans. Orléans et Montargis sont, ainsi, parmi les premiers tribunaux à bénéficier de ce dispositif, lancé à l’origine au Tribunal de Cahors. Francis Perlot, de l’association Handi’Chiens Val de Loire, indique que quatre de ces animaux œuvraient actuellement de cette manière en France, « à Cahors, Orléans, Nevers et Strasbourg. L’association a reçu six demandes depuis, notamment de grosses juridictions comme Évry ».
Rassurer et détendre
Depuis 2007, à Orléans, l’unité d’accueil des jeunes victimes prend en charge les enfants et adolescents victimes de maltraitance. « Nous essayons d’apporter une “bien-traitance” dans la prise en charge de ces victimes afin qu’elles puissent aller vers la résilience, explique le docteur Barbara Tisseron, responsable de l’unité. Le recueil de la parole lors de l’audition était jusqu’à présent le seul moment où l’enfant était seul avec le policier. Avec la présence du chien, la victime est plus encline à parler, et les enquêteurs sont également plus détendus. »
Concrètement, Orko a été acheté à l’âge de deux mois « chez des éleveurs professionnels, puis élevé en famille d’accueil pendant seize mois avant d’intégrer le centre Handi’Chiens de Vineuil (41), détaille Francis Perlot. Sa formation a coûté 17 000 €, financée par la fondation Sommer. Nous avons regardé son potentiel et choisi ainsi son “métier”. Pour ces missions, il faut des chiens capables de rester calmes et couchés le temps des auditions à côté des victimes ». Pour permettre à Orko de faire « son travail », Marie-Laure, infirmière du CHRO, a été formée et ramène Orko chaque soir chez elle. Les différents intervenants de l’unité d’accueil des jeunes victimes, mais aussi ceux des associations d’aide aux victimes du Loiret ainsi que les policiers devront également être formés. « Il faut par exemple pouvoir faire monter Orko dans le véhicule pour accompagner la victime au tribunal… », confirme Barbara Tisseron, qui voit également des vertus à la présence de cet animal auprès de personnes victimes de violences conjugales.