« Il faut être motivé, ne pas lâcher l’affaire, et toujours regarder en l’air. » Joint au téléphone, Théo, fraîchement sorti de prison depuis le 26 janvier, n’a pas sa langue dans sa poche. Sans filtre, cet homme de 44 ans n’a aucun problème à revenir sur ses déboires judiciaires : « J’ai perdu mon permis de conduire une première fois parce que j’ai été contrôlé positif à l’alcool. Puis j’ai été recontrôlé en sortie de chantier, et la justice ne m’a pas fait de cadeaux. » Résultat : dix mois de prison ferme pour Théo, pourtant « bien inséré » et détenant plusieurs diplômes (CAP et BEP en mécanique auto, CAP plâtrier-plaquiste).
Beaucoup de demandes, mais peu d’élus au final
Avec cette incarcération, ce quarantenaire perd son travail alors qu’il travaille dans une concession automobile en CDI. « J’ai toujours travaillé, j’aimais mon boulot, sincèrement », regrette l’ancien prévenu. Ce goût pour l’effort, Théo va le prouver dès son entrée à la prison d’Orléans-Saran. « Je ne suis pas resté les doigts dans les fesses, j’ai essayé d’avoir accès à tout ce qui était possible pour pouvoir sortir le plus vite possible. »
À force de multiples démarches, il parvient à avoir un premier rendez-vous avec une conseillère Pôle Emploi. Celle-ci établit son profil et décide de continuer à suivre son dossier. Il faut savoir que Théo est loin d’être le seul à faire ce genre de demandes, mais selon lui, « il n’y a que deux conseillères pour toute la prison. Elles sont obligées de cibler les personnes qui veulent s’en sortir. Le suivi, au niveau carcéral, est minime. Il faut se battre pour pouvoir parvenir à quelque chose ».
Difficultés sanitaires
Obtenir des résultats, Théo en a fait sa mission principale durant ses quatre mois de prison. Lors de sa seconde rencontre avec la conseillère Pôle Emploi, il fait ses validations d’acquis de l’expérience, s’entraîne à faire des lettres de motivation et prépare son entretien avec la juge en vue de faire une demande de bracelet électronique. Une requête acceptée en janvier grâce à tout ce travail. Le mécanicien sort de prison fin janvier.
Depuis, Théo reprend « goût à la vie ». Car tout n’a pas été rose ces derniers mois, en particulier en cette période de crise sanitaire. « Le milieu carcéral n’est vraiment pas facile, dit-il. On n’a plus d’accès à la musculation, à la bibliothèque, à l’école, tout est complètement bloqué, il y a seulement une sortie de deux heures par jour. Même au parloir, il n’y a plus de contact physique. »
Et au bout du tunnel…
Aujourd’hui, même avec un couvre-feu instauré à 18 h, l’ex-taulard profite de sa liberté retrouvée. Par ailleurs, dès sa sortie de prison, Théo a pu bénéficier du RSA grâce aux démarches effectuées avec Pôle Emploi.
« L’inscription s’est faite alors que j’étais encore incarcéré », se réjouit-il. Il touche maintenant les allocations au chômage, mais cela ne l’empêche pas de taper à la porte de toutes les boîtes d’intérim spécialisées dans la reconversion des anciens détenus.
L’une d’entre elles, avec qui il était déjà en contact lors de son incarcération, lui a ouvert ses portes. Le mécanicien s’est reconverti provisoirement dans le domaine des espaces verts : « Ce sont des petites missions, ça ne rapporte pas beaucoup d’argent, mais ça permet de m’occuper. Quand on bosse, on voit le chemin s’éclaircir. »
Au mois de mars, l’intérimaire doit participer à une session de recrutement organisée par Pôle Emploi. S’il a conscience que trouver un travail dans le contexte actuel est compliqué, Théo a confiance en l’avenir : « Ce qui bloque pour le moment, c’est le bracelet. Une fois retiré, je vais trouver du boulot en claquant des doigts ! » C’est tout le bien qu’on lui souhaite.
* Le prénom a été modifié.