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Halles : que veulent les commerçants ?

Halles : que veulent les commerçants ?

Serge Grouard a prévenu que la réhabilitation des Halles alimentaires Châtelet serait l’un des marqueurs de son quatrième mandat. Les commerçants qui font actuellement affaire dans cet espace emblématique sont impatients de pouvoir bénéficier d’un outil rénové. Mais ils craignent, aussi, l’impact de travaux potentiels…
Hugo de tullio
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Des allées très calmes dans lesquelles quelques commerçants parlent entre eux, faute de client… C’est l’ambiance qui règne en ce vendredi après-midi aux Halles Châtelet, aux alentours de 15h. Logique : les Orléanais viennent plutôt faire leurs achats pour le week-end une ou deux heures plus tard, à la sortie du bureau. Et puis nous vivons aussi les premières semaines du mois de septembre, une période qui n’a jamais été la plus rentable de l’année pour les commerçants de l’hypercentre. Primeur installé ici depuis 28 ans et président des Halles alimentaires, Jean-Luc Delauné se veut confiant : « depuis le Covid, il n’y a pas eu de baisse de fréquentation, c’est stable. 

Et là ça repart tranquillement. C’est normal, il y a la rentrée scolaire. » Il s’agit d’un mois « à l’image des précédents mois de septembre », confirme sa voisine, Hélène Blin, collaboratrice aux Balades Gourmandes. Responsable de la pâtisserie orientale, Mohamed Bennis espère toutefois que l’activité va « reprendre d’ici ces prochaines semaines. »

« On a besoin d’une rénovation »

Ce ne sont donc pas les prochains mois qui inquiètent les commerçants, mais plutôt le long terme qui leur apparaît légèrement brumeux. En effet, lors de la présentation de son programme en vue des élections municipales de 2020, Serge Grouard avait évoqué la future rénovation des halles alimentaires. Un projet maintes fois mentionné par le passé, qui n’a jamais abouti. Pourtant, le site commence à être âgé, comme le rappelle Pierre Besnard, fleuriste chez Charline Pritscaloff : « les Halles ont besoin d’être rénovées car elles n’ont été refaites que dans les années 1970. Il y a un vrai intérêt à avoir un marché dans le cœur de la ville. » Située tout près de la boutique de fleurs, Marie-Noëlle Lecointe est la doyenne des lieux et confectionne des glaces maison depuis maintenant 37 ans chez B. Glacier. Elle est du même avis que son collègue : « le cœur des Halles est indispensable pour l’image de la ville d’Orléans, il est impensable qu’il n’y ait pas une rénovation. On en a besoin, il faut se mettre au goût du jour. »

La mairie d’Orléans a organisé il y a quelques mois une réunion pour prendre la température des commerçants autour de ce projet de rénovation, et une très grande majorité d’entre eux sont d’accord : il faut un coup de neuf. Mais quand, comment, où et combien ? Autant de questions auxquelles la mairie ne leur a encore pas communiqué de réponse, déplore Romain Boutet, primeur installé aux halles depuis 26 ans : « nous aimerions bien avoir des détails pratiques. Et puis, nous avons l’impression de recommencer à zéro, parce que nous avions déjà fait plus de huit réunions sous l’ancienne municipalité pour dire comment nous voyions le projet, mais tout a été jeté à la poubelle. Je suis un peu découragé, car je m’étais beaucoup investi… » Évoluant à la boucherie Chez Michel depuis six ans, Delphine Caillé affirme même qu’il n’y a « rien du tout de précis ». Un propos toutefois nuancé par Aline Pragnon, qui vend des produits ibériques : « j’ai vu un élu de l’équipe municipale d’Orléans qui m’en a parlé un peu, et je crois savoir qu’il y a eu la nomination d’un directeur de projets… C’est un grand pas » (voir page ci-contre, ndlr).

Alors, une restauration de l’ensemble de la structure, oui, mais pour en faire quoi ? Gérant du Petit primeur des Halles, ouvert il y a quelques semaines seulement, Jordan Delauné voudrait « du neuf en termes de devantures, de sols, d’éclairages, et plus d’animations. C’est dommage que le parking soit payant : il faudrait faire comme à Place d’Arc, avec des tickets horaires validés par les commerçants. » Faisant également partie des derniers arrivés, la gérante du brunch Galavar souhaiterait pour sa part que les halles soient « un lieu de vie où ça parle fort, où ça mange un peu partout ; bref, quelque chose de convivial. » Un aspect que nombre de commerçants relèvent, en soulignant que la restauration sur place serait un réel avantage pour l’attractivité du lieu. Cependant, « il y a des normes de sécurité qui nous cassent un peu les pieds », rappelle Delphine Caillé. Et Hélène Blin d’ajouter : « c’est compliqué d’utiliser des espaces plus larges, car on est obligés de faire des demandes à la Préfecture ou au chef des pompiers de la Ville. On voit bien que ça n’a pas été configuré pour ça, à l’origine… » Mohamed Bennis relate aussi l’espace laissé par les marchands qui ont fermé boutique, comme Olivier Bourreau, en 2019 : « il y a beaucoup de places, il faut plus de restaurants » à la place, comme « des fast food, des cafés, des kebabs… »

Une copropriété complexe

Autre point à traiter, et non des moindres : la question des travaux. Les commerçants craignent de voir leur activité chamboulée durant la phase de chantier. Installée aux Halles Châtelet depuis décembre dernier, le traiteur Philippe Bardau se demande si sa clientèle va suivre, alors que son établissement risque d’être délocalisé. « Sinon on reste ouvert, mais les travaux vont durer deux, trois ans… » Là encore, Jean-Luc Delauné se veut rassurant et soutient qu’il y a des modèles qui existent dans d’autres villes. Le président des halles alimentaires pense notamment à la possibilité de déplacer les commerces à l’extérieur du site, dans une rue fermée : « rien n’est impossible ! », dit-il.

Enfin, le primeur Romain Boutet rappelle le statut complexe du bâtiment : « c’est une copropriété qui appartient à tous les commerçants. De ce que j’ai compris, la municipalité ne voudrait plus de ce schéma-là et voudrait tout contrôler… » (ce n’est pas le projet de la Ville, voir page ci-contre, ndlr). Si, à l’avenir, tel était le cas, les halles pourraient-elles ressembler à un grand centre commercial aux horaires fixes et uniformisés ? En tous les cas, ce projet de réhabilitation comporte encore, pour les commerçants, de nombreux points d’interrogation… 

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