Depuis plus de 35 ans, Patrice Douchet, metteur en scène et directeur artistique du Théâtre de la Tête Noire a fait de cet établissement, installé dans une ancienne chapelle, un « lieu incontournable à Saran, au même titre que les écoles. Ici, il y a forcément un moment, dans sa vie d’enfant ou d’adulte, où l’on va à la Tête Noire ». Patrice Douchet indique d’ailleurs, en plaisantant, « qu’à Saran, il y a deux »équipes » qui jouent en national : les Septors en handball, et la Tête Noire ». Celle-ci est en effet labellisée scène conventionnée d’intérêt national « art et création » pour les écritures contemporaines : « cette reconnaissance passe par une programmation exigeante mais accessible à tous, ainsi que par l’action artistique. Nous travaillons avec les scolaires, les associations, les quartiers et nous organisons un festival de Théâtre sur l’herbe (voir plus loin). Dans nos choix, nous nous intéressons aux écritures d’aujourd’hui pour la jeunesse comme pour les adultes. Il s’agit des écritures, au sens large : celles qui font pleurer, rire, réfléchir… Il y a du sens partout. Nous sommes accompagnés par des auteurs et autrices ».
Patrice Douchet estime avoir un engagement « politique au sens noble : nous proposons un théâtre rigoureux mais pas hermétique, avec des valeurs humanistes. Et depuis quelques années, nous avons un engagement dans la transition écologique. » Si l’on savait le directeur de la Tête Noire prêt à se mouiller pour des causes importantes (il est allé récemment en Europe de l’est pour ramener des réfugiés ukrainiens), ce volet « écolo » n’est pas forcément le plus connu. Outre une restauration bio et végétarienne, le Théâtre a en effet construit une Wapiti House, en hommage au spectacle éponyme dont le décor a été détruit par un incendie (lire encadré) : il s’agit d’une maison autonome qui accueille les écrivains en résidence. En tant que metteur en scène, Patrice Douchet a également créé un spectacle baptisé L’invention du printemps autour du ralentissement de la consommation, que l’on pourra découvrir lors du Théâtre sur l’herbe, les 25 et 26 juin, dans le Parc du château de l’étang. « C’est un spectacle réalisé dans le cadre d’un appel projets de l’ADEME », précise Patrice Douchet, qui le présentera ensuite au Off d’Avignon.
Herbes folles
Pour ce qui est de la prochaine saison de la Tête Noire, faut-il s’attendre à retrouver une présence ukrainienne ? Pas forcément, répond Patrice Douchet : tout dépendra de ses coups de cœur. Mais l’on sait déjà qu’une chanteuse ukrainienne sera présente lors d’un temps fort du Théâtre sur l’herbe… En tous les cas, dans la programmation de la nouvelle saison, le public pourra découvrir La Question d’Henri Alleg, qui traitera de la torture en Algérie, et l’on devrait également retrouver Bombino, « le prince du rock touareg. » Malgré tout ce travail, Patrice Douchet pense-t-il, des fois, à la retraite ? « Comme Edgar Morin, il faut croire à l’impossible », conclut dans une ellipse cet homme qui dit vouloir vivre au présent, sans pression, « même si demain est déjà là ».
Une réponse
Précisions:
Le Théâtre de la Tête Noire fait partie des 13 lieux labellisés en région Centre Val de Loire. Il y a parmi ces 13 , 4 scènes conventionnées d’intérêt national .
« Il faut croire à l’improbable »
C’est ce que j’ai cité d’Edgar Morin