Les diocèses « sont en exploitation déficitaires. En 2020, le résultat d’exploitation du diocèse d’Orléans était d’ailleurs en perte de 900 000 € ». Ce constat est dressé par Vincent Héron, l’économe du diocèse d’Orléans. En effet, le personnel ecclésiastique ne se nourrit pas seulement de prières et de nobles pensées : comme une entreprise classique, l’Église a des frais humains. En 2021, l’allocation des prêtres et les salaires des laïcs représentent ainsi 45 % du budget. Le diocèse d’Orléans compte pour sa part 90 prêtres, mais également six séminaristes en formation et deux élèves en propédeutique (préparation au séminaire). Par ailleurs, 77 laïcs sont en « mission ecclésiale ». La majorité des salariés du diocèse sont dédiés à l’administration, à la pastorale ou engagés auprès de l’évêque, avec une lettre de mission. « Cela représente 115 salariés en tout pour 55 équivalent temps plein, car il y a beaucoup de mi-temps », explique Vincent Héron.
Le diocèse d’Orléans arrive à équilibrer les finances grâce notamment aux legs, ainsi qu’au denier du culte et aux quêtes (les dons effectués par les fidèles). « Nous avons eu peur en 2020 avec le Covid mais, contre toute attente, le denier du diocèse d’Orléans a augmenté de 8 %, atteignant les 1,9 M€. Cependant, les quêtes ont baissé de 30 % avec la fermeture des églises, tout comme les casuels qui sont donnés lors des cérémonies (-15 %). En tout, les ressources ont donc baissé de près de 5 %, mais en même temps, nous avons fait des économies sur les charges. Il y a aussi eu du chômage partiel pour les salariés ». Pour connaître le denier 2021, il est encore tôt : 40 % des dons sont versés les deux derniers mois de l’année. Par contre, dans le bureau de l’économe diocésain, ceux qui ont couché l’Église sur leur testament ne sont pas anonymes. « Nous sommes dépositaires de leurs dernières volontés, précise Vincent Héron. Des messes sont dites pour eux ». Ces legs vont de 1 500 € à « beaucoup plus », murmure l’Église, sans vouloir en dire plus. En moyenne, le diocèse reçoit trois ou quatre legs
par an.
Un trésor immobilier ?
Ces legs « ont permis de reconstituer des réserves et d’engager des travaux importants, notamment des mises aux normes en termes de sécurité ou d’accessibilité. Nous avons remis aux normes la maison diocésaine, une trentaine de presbytères, et l’on commence aussi la rénovation des salles paroissiales ». Le diocèse d’Orléans possède d’autres biens immobiliers, comme la Maison Saint-Vincent, où une extension a été construite, la Maison Béthanie, qui compte 21 logements et abrite une dizaine de prêtres, ou encore la Maison Saint-Joseph, qui accueille, entre autres, les services de pastorale mais aussi l’Association Interdépartemetnale pour le Développement des Actions en faveur des Personnes Handicapées et Inadaptées (AIDAPHI). « Nous y logeons 32 personnes tous les jours, explique Vincent Héron. Nous avons aussi quelques logements intermédiaires gérés par l’AIDAPHI ». En tout, le diocèse d’Orléans possède 250 biens immobiliers qui « sont au service de la pastorale. Nous sommes obligés de les conserver, car ils participent souvent au lien social dans les villages ». Si le diocèse possède quelques immeubles de rapport (une vingtaine de biens), un bon tiers de son patrimoine immobilier est composé de logements sociaux. Un tiers est constitué de logements de prêtres et le reste accueille des associations. « Les biens de rapport se transforment aussi en logement social, car nous n’oublions pas que notre mission première est l’accueil des plus pauvres et des plus fragiles. Il faut cependant avoir des ressources, donc un peu d’immobilier de rapport ». Mais si « le bilan provisoire du diocèse d’Orléans n’est pas catastrophique », selon les mots de Vincent Héron, c’est parce qu’il a aussi vendu en 2021 l’un de ses biens emblématiques, la Maison Sainte-Anne, dans le centre-ville d’Orléans, qui sera transformée en théâtre et en logements étudiants. « Nous l’avons vendue au prix du marché », assure Vincent Héron, sans en dévoiler le prix. L’Église ne brade pas ses biens. Néanmoins, l’heure est à l’inventaire -une réflexion entamée avant même la discussion d’un fonds pour les victimes de la pédocriminalité au sein de l’Église- et l’utilité de chaque bien est pesée.