Soutien à la culture : « On a fait au plus vite »
Annoncé dès l’automne, le « fonds de soutien à la création à l’emploi et à la création artistique » a finalement été voté au conseil municipal de janvier. Il sera décomposé en deux parties : 200 000 € versés sous forme d’attribution de subventions aux institutions et associations culturelles, et 50 000 € versés par le biais de commandes artistiques et appels à projets auprès d’artistes et artistes-auteurs indépendants. Les enregistrements et traitements des demandes ont officiellement débuté le 21 janvier et le seront jusqu’au 30 avril, pour un versement des aides « au plus tard en octobre 2021 ».
Les oppositions, si elles considèrent que ce fonds est effectivement nécessaire, ont tiqué devant le calendrier de la Ville. En clair, pourquoi a-t-elle attendu aussi longtemps pour passer ce fonds au vote ? « Sur le timing, je n’ai rien à répondre, rétorque William Chancerelle. On a fait au plus vite. Les services sont sur-sollicités ; on ne pouvait pas contraindre davantage les délais. Le maire tenait à ce que tout soit bien cadré ». Sur le fond, l’adjoint à la culture défend « un vrai signal » envoyé aux acteurs orléanais, dont les montants pourraient être « réajustés en temps voulu, car le plus dur est peut-être devant nous. Si je vois que les besoins sont importants, on prendra les décisions adéquates. Mais je pense qu’il ne faut pas être dans une démarche de soutien d’urgence permanente. Nous, nous sommes plus dans une logique de relancer les choses. »
William Chancerelle précise aussi que le premier volet de ce fonds de soutien, à hauteur de 200 000 €, sera accessible simplement : en clair, il ne faudra pas remplir des tonnes de documents et envoyer des certificats en pagaille pour y prétendre. En gros, le processus sera à peu près le même que pour une demande classique de subvention. Le plafond d’aides sera de 20 000 €, avec un montant minimal du projet présenté de l’ordre de 3 000 €. Enfin, concernant les commandes publiques de 50 000 €, l’élu à la culture précise qu’il s’agira notamment, pour beaucoup, de sculptures qui seront présentées au printemps dans l’espace public, ainsi que d’une « fresque urbaine ».
Conservatoire, Astrolabe : « Une logique pragmatique »
Serge Grouard a annoncé en début de mandat qu’il abandonnait le projet de Cité musicale à la tête nord du pont de l’Europe, ce qui a arrêté net l’hypothèse d’y implanter le Conservatoire d’Orléans. Alors, que celui-ci va-t-il devenir ? « Il y a de la part du maire une volonté d’avancer vite, confie William Chancerelle. Le Conservatoire a un besoin impérieux d’être rénové. Des travaux ont déjà été lancés dans la Cave du Chapitre, sous la Cathédrale : elle sera prête d’ici quelques semaines. Ensuite, sur la salle de l’Institut par exemple, nous allons lancer des études très prochainement. Nous réfléchissons aussi à récupérer d’autres locaux pour pousser les murs. Des solutions se dessinent, mais je ne peux pas vous dire lesquelles tant qu’elles ne sont pas actées. Mais cette restructuration du Conservatoire va durer pendant tout le mandat. »
Quid également de l’Astrolabe, qui devait lui aussi migrer dans la Cité musicale désormais au rebut ? « Le projet est mûr, reste à définir le lieu, répond William Chancerelle. Est-ce qu’on reste au Baron ? Est-ce qu’on déménage ? Nous menons actuellement des études de faisabilité, qui seront terminées à la fin du premier semestre de cette année. Comme nous avons le projet de faire de la trémie Jaurès une coulée verte, peut-être que l’Astrolabe 2 pourrait s’inscrire dans cette réflexion. De même, construire de nouveaux lieux, ce n’est pas ce qu’il y a forcément de plus écolo. La mairie, sur ce dossier, est dans une logique pragmatique. »
Vinaigreries : en faire « un lieu de libertés »
En conseil municipal, cet automne, Serge Grouard a également officialisé l’arrêt du projet de réhabilitation des Vinaigreries Dessaux tel qu’il avait été conçu sous la précédente mandature. Mais un plan B est-il en train d’émerger ? « Aujourd’hui, non, affirme William Chancerelle. Nous repartons d’une feuille blanche. » L’élu, qui sait que les Vinaigreries sont « un lieu très important et emblématique pour Orléans », défend la décision de son maire : « l’ancien projet ne parlait pas à Serge Grouard. Il avait certes demandé beaucoup de temps à la Direction de la culture, mais il était, peut-être, un peu trop ciblé. Il a été tellement travaillé qu’il est devenu, dans un certain sens, un projet de niche. Nous, nous souhaitons faire des Vinaigreries un lieu que tous les Orléanais puissent s’approprier. Du coup, nous allons tout remettre à plat. »
Dans l’esprit, William Chancerelle dit vouloir « rechercher un équilibre » en étant « un peu malin, un peu fou et un peu libre ». Pour résumer, il souhaite faire des Vinaigreries « un poumon des libertés au sein d’Orléans ». Il est aussi conscient que l’expression, toute belle qu’elle soit, reste assez nébuleuse. Mais l’autre question est aussi de savoir si la Ville va vraiment s’emparer de ce projet sous cette mandature, sachant que le lieu est « dans un état bien dégradé, qu’il abrite des volumes immenses et qu’une rénovation coûterait cher » à la Ville, au moins 10 M€. Or, rappelle William Chancerelle, les dossiers du Conservatoire et de la salle de musiques actuelles seront prioritaires. « Et on ne pourra pas tout faire », prévient l’adjoint à la culture, qui certifie cependant, que les Vinaigreries ne seront pas vendues à un promoteur immobilier.
Voix d’Orléans : « Je souhaite les maintenir »
William Chancerelle l’affirme : « je n’ai jamais dit que les Voix d’Orléans seraient annulées. Cet événement, j’y tiens. Il est lourd à mettre en place, mais je veux le maintenir ». L’élu annonce qu’il ne se tiendra probablement pas en avril pour cause de Covid, mais qu’il aura sans doute lieu en octobre, en étant couplé avec le Parlement des écrivaines francophones, qui n’est, donc, pas non plus menacé.
Jazz : « Il y aura un festival en 2022 »
Il se passe rarement une journée sans que William Chancerelle soit questionné sur la tenue ou non d’un festival de jazz prochainement : il faut dire que cette promesse occupait une bonne place dans le programme de campagne de Serge Grouard. Lequel, à l’automne, a décidé de repousser sa création. « Mais je peux vous confirmer qu’il y aura un grand festival en 2022, dans lequel le jazz, mais pas que, aura toute sa place, précise l’adjoint à la Culture. Ce ne sera ni du 100 % jazz, ni sous le même format que celui qu’on a connu auparavant, parce que je pense qu’on ne peut pas être et avoir été. Mais je veux organiser quelque chose avec les partenaires institutionnels, dans une logique de reconquête des publics. »
« On ne fait pas qu’annuler »
Avec les différentes annulations, reports et/ou arrêts d’événements, se dégage l’impression que les premiers mois de la nouvelle équipe en matière de culture sont assez peu entraînants. « J’entends cette petite musique, répond William Chancerelle, mais je veux qu’on m’explique pourquoi on ferait de la casse culturelle : on a arrêté le projet de Cité musicale, certes, mais il aurait coûté 50 M€ ! Pour les Voix, c’est clair : je vous ai répondu. Et pour les Vinaigreries, c’est quelque chose qu’on veut porter, mais différemment. La politique culturelle de la Ville ne sera pas uniquement tournée sur les » grandes choses qui font bien « . Je ne veux pas d’un arbre qui cacherait la forêt. Nous travaillons à de nombreuses choses invisibles, comme amener des spectacles dans les écoles, même en temps de Covid. Alors, peut-être qu’il y a un problème de faire-savoir, qu’on a un déficit de communication, mais il est faux de dire qu’il ne se passe rien et qu’on ne fait qu’annuler. J’insiste aussi sur le fait qu’on ne fera rien seul : la réussite de ce mandat passera par des partenariats. Maintenant, il faut articuler tout ça. On a six ans, laissez-nous un peu de temps ! »