L’Université d’Orléans va donc accueillir d’ici quelques mois l’une des cinq classes préparatoires au concours d’entrée à l’École Nationale de la Magistrature, laquelle forme les futurs juges et procureurs du pays, notamment. Aux trois prépas « historiques » de Paris, Douai et Bordeaux viennent donc d’être ajoutées celles, prochainement, de Lyon et d’Orléans. « Cela fait deux ans que je travaille dessus, indique Pierre Allorant, Doyen de la fac de droit. Nous aurions pu l’annoncer en mars, car tout était bouclé avec l’ENM. Le directeur avait donné son accord. Et puis il y a eu le confinement, un remaniement ministériel et un changement à la tête de l’École Nationale de la Magistrature. Il a donc tout fallu reprendre à zéro. Heureusement, la nouvelle directrice nous a confirmé qu’elle était très sensible à la candidature d’Orléans. Peut-être parce qu’elle vient de La Châtre, dans l’Indre… »
Des étudiants parrainés
Cette « annexe » orléanaise de l’ENM accueillera donc dès la prochaine rentrée une vingtaine d’étudiants – 18 très précisément – de niveau Master 1. Ils devront être boursiers, ce qui pourrait permettre ensuite à l’École Nationale de la Magistrature de diversifier son recrutement. Les élèves de la prépa seront quant à eux sélectionnés sur « des critères d’excellence universitaire ». « La grande originalité de cette prépa, précise Pierre Allorant, c’est que ses étudiants pourront chacun bénéficier d’un parrain ou d’une marraine : des magistrats de la Cour d’appel, des avocats… qui emmèneront leurs filleuls passer des journées avec eux. Le concours d’entrée de l’ENM proposant une épreuve de connaissance du monde contemporain, nous avons aussi dégagé un « budget culturel » pour que ces étudiants puissent aller au Théâtre, au Cado, etc. afin d’avoir de belles références. Sinon, le programme d’étude sera le même que dans les autres prépas. »
Pour Pierre Allorant, l’ouverture de cette classe sera bénéfique pour Orléans et son université. « Auparavant, aux étudiants qui voulaient faire une carrière de magistrat, je leur disais : ‘ »allez à Bordeaux ». Maintenant, nous allons pouvoir les garder. » Cette année de formation ne garantira pas non plus, cependant, un aller simple pour les bancs de l’ENM, puisque son concours d’entrée est en effet très sélectif, avec un candidat sur huit reçu en 2019. Cette prépa cassera-t-elle en outre le tropisme du genre, qui veut qu’en première année de droit, les jeunes femmes se destinent « plutôt à devenir magistrates ou juges des enfants, tandis que les jeunes hommes se voient plutôt avocats » ? Ce ne sera sans doute pas la première de ses ambitions, mais le sujet mérite d’être réfléchi…