Depuis qu’il a été élu à Orléans, les actions de Jean-Paul Imbault ont été largement décortiquées. Sa délégation à la « Ville-Jardin », créée en 2020, entraînait effectivement beaucoup d’attente. Il faut dire qu’un peu plus tôt, Serge Grouard s’était autoproclamé « candidat vert » de la campagne électorale. Toujours très disert sur l’inaction globale en matière d’écologie et lui-même passionné de plantes, le maire d’Orléans donnait à l’ancien chroniqueur jardin de France Bleu Orléans la mission de transformer la cité johannique en « ville jardin ». Une dénomination particulièrement ambitieuse, dont on peut se demander, près de deux ans après avoir été semée, quelle réalité elle recouvre aujourd’hui.
Place du Martroi : c’est raté ?
En centre-ville d’abord, l’aménagement auquel Jean-Paul Imbault a procédé place du Martroi a été diversement commenté. Élu d’opposition écologiste à Orléans, Jean-Christophe Clozier commence fort : « La place du Martroi, ce n’est pas la ville jardin, c’est la ville jardinière ! Certes, la volonté d’embellir est présente, mais ce n’est pas comme cela qu’on apportera de la fraîcheur à cette place minérale. On se trompe de combat ! » Dans son bureau de l’hôtel de ville, Jean-Paul Imbault fait fi des critiques : « Il y a toujours des mécontents… A contrario, des gens me disent que la place est très belle », assume l’élu, qui reconnaît cependant des manques. « Cette place du Martroi est épouvantable à agrémenter, justifie-t-il. Elle accueille les fêtes de Jeanne d’Arc, les marchés de Noël et les marchés du vendredi… C’est difficile d’y mettre quelque chose de pérenne, et il y a un problème de poids avec le parking souterrain ». Du coup, continue l’adjoint à la « Ville Jardin », « on s’est projeté sur un aménagement un peu circulaire, avec des contenants qui pouvaient être déplacés. Il fallait également des végétaux résistant à la chaleur et au verglas. D’où le choix des cyprès installés l’an dernier… » Même si ces derniers apportent une certaine « verticalité » à la place du Martroi, Jean-Paul Imbault concède qu’il y faut plus de fraîcheur, ce que Jean-Christophe Clozier demande aussi. « L’été, sur la place du Martroi, il y a, cinq degrés de plus qu’à l’entrée des Groues, assène l’élu écologiste. Certes, il y a des contraintes, mais il est nécessaire d’innover. »
Selon l’opposition orléanaise, des plantes grimpantes dirigées afin de créer une canopée ou des structures insérées dans le parking pourraient être envisagée : « à Tours, ils y arrivent bien devant la gare et pourtant, il y a un parking en-dessous… » « Nous aimerions installer, ce printemps, si la dalle le supporte, sept platanes d’une variété particulière qui donneraient du volume, mais toujours dans des jardinières déplaçables », répond Jean-Paul Imbault. Les cyprès d’Italie devraient quant à eux rester en place.
Jardins fleuris
Sur d’autres dossiers, l’opposition orléanaise, si elle reconnaît quelques « réussites » en termes de fleurissements, et notamment au Jardin des Plantes, regrette le manque d’entrain de la majorité sur les requalifications de rue. « On peut faire des choix de revêtements perméables et mettre de la verdure, tance Jean-Christophe Clozier. Monsieur Imbault a balayé bien vite l’idée des micro-forêts, car elles concernent un temps long, mais ce serait pourtant important d’avoir des zones d’expérimentation… De plus, à plus long terme, il faut également veiller, dès la création des ZAC comme les Groues, à la présence d’îlots de fraîcheur. » Jean-Paul Imbault dresse lui un panorama des nouveaux jardins qui sont en train de se créer : la municipalité a fait le choix de la verdure dans un contexte où le prix du mètre carré dans la cité johannique s’envole. Ainsi, dans le quartier Madeleine, se prépare, derrière le Relais Orléanais, la création d’un parc liant la parcelle du Sanitas avec les parcs Anjorrant et Peteau. « Cela a pris un peu de retard, car il y avait quelques acquisitions de parcelles à réaliser, explique Jean-Paul Imbault. Les travaux devraient démarrer en fin d’année ou début 2023. Il y aura près d’un an de travail. Le lieu va rester dans un style naturel, avec des haies pour les oiseaux, des érables, des chênes… » La vigne, les plantes médicinales devraient également trouver leur place, en écho avec le lieu. Des aménagements pour les enfants et adultes sont également prévus, notamment un théâtre de verdure.
Dans le quartier Bourgogne, près de la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier, un nouveau jardin devrait voir le jour cette année. « Nous avons un projet de jardin parfumé afin de favoriser l’éveil des sens, précise l’élu. Il sera situé à proximité de la résidence pour personnes âgés Isabelle Romée. » Dans l’ancien hôpital, un jardin situé côté rue Stanislas Julien doit également se créer « dans les deux ans à venir, précise Jean-Paul Imbault. Il nous faut encore affiner notre réflexion. C’est un ancien site médical, on devrait donc y retrouver des plantes médicinales ». Enfin, au sud, dans le cadre de l’ANRU 2, la création d’un parc urbain sur la Dalle de La Source était prévue, en lien avec la démolition de la T17. Mais le projet n’est pas encore totalement défini. « J’avais l’idée de mettre des pots, mais il y a une difficulté technique d’accès au site et une contrainte de poids avec la dalle », indique l’adjoint à la « Ville Jardin », qui va revoir sa copie. Plus globalement, Jean-Paul Imbault estime que les jardins de la ville d’Orléans ont une mission de vulgarisation auprès du public. Il a d’ailleurs multiplié – et ne compte pas arrêter – l’implantation de potagers pédagogiques : « Nous en avons déjà trois et nous devons en installer un à La Source et dans les quartiers est. »
Dernier aspect de la politique menée par l’adjoint à la « Ville Jardin » : le verdissement des cours d’école. « Cela a déjà commencé à La Source, à l’école Kergomard, avec la plantation d’un arbre aux quarante écus et un arbre à caramel. » Les prochains établissements à bénéficier de végétalisation devraient être l’école Jacques Androuet Ducerceau et l’école René Thinat. Pour cela, les plantes produites au centre technique de la Ville, situé à de Saint-Denis-en-Val, seront fort utiles : « Pour les végétaux qui nous manquent, nous nous fournissons majoritairement auprès de pépiniéristes locaux », assure Jean-Paul Imbault, qui précise que les jardiniers tiennent compte « du réchauffement climatique et des possibles sécheresses » dans le choix des plantations, en gardant « le principe qui est d’avoir une ville colorée. Cette année, ce sera le gris, le bleu et le blanc ». Les massifs, explique l’élu, sont construits « en utilisant des végétaux persistants, des bois colorés. À Saint-Marceau, par exemple, il y a des cornouillers avec des bois jaunes, orange… ». Idem avec les paillages colorés, qui permettent de conserver l’eau.