Les chiffres sont là : entre 1950 et 2020, la CIASE a estimé à 216 000 le nombre de victimes d’abus sexuels émanant de prêtres ou religieux (330 000 si l’on ajoute les laïcs en mission d’Église, comme les mouvements de jeunes…). Des abus qui concernent majoritairement des garçons dont l’âge se situaient entre 10 et 13 ans. Le rapport a pointé que l’Église était le deuxième lieu des violences sexuelles, « après le milieu familial et amical, mais devant l’école ». 45 recommandations ont conséquemment été émises, dont la première est de reconnaître la responsabilité de l’Église. Localement, Monseigneur Blaquart a témoigné, via une vidéo : « Notre première pensée doit aller aux personnes qui ont été abusées et dont la vie a été brisée. C’est la perversion même qui a entraîné ces abus », a commenté l’évêque d’Orléans.
Écouter, prévenir
Dans le Loiret, des réunions et des groupes de partage ont été organisés pour « digérer » ce rapport. « La difficulté est que tout le monde n’est pas au même stade, estime Karl-Aymeric de Christen, le vicaire général du diocèse d’Orléans. Les gens croient que le chef, c’est l’évêque et que derrière, il y a des troupes. Mais un diocèse, c’est un ensemble mouvant de groupes et de personnalités ». Dans le diocèse d’Orléans, ce sont 23 prêtres qui ont été identifiés comme pédocriminels, mais aussi une religieuse, un religieux et six laïcs. « La majorité des prêtres concernés sont aujourd’hui décédés », confie Karl-Aymeric de Christen, qui reconnaît toutefois, après la publication du rapport, « avoir reçu quelques témoignages » supplémentaires. Le diocèse d’Orléans rappelle cependant avoir été le premier à s’être doté, en 2014, d’une cellule d’écoute des victimes. « Nous travaillons avec l’association d’Aide aux Victimes du Loiret, avec qui nous allons signer une convention d’ici Noël, décrypte Karl-Aymeric de Christen. Ces professionnels peuvent nous aider. Par contre, nous ne sommes pas « labellisés » pour l’accompagnement psychologique. L’enjeu est de pouvoir proposer aux proches et aux victimes un lieu de parole individuel ou de groupe ». « Au niveau des cellules d’écoute, il faut des personnes formées », recommande Quentin, une victime d’un prêtre loirétain. Pour lui, une commission de suivi est nécessaire, comme, plus largement, une réforme des instances gouvernantes de l’Église. Reste la question de la prévention : le diocèse d’Orléans assure qu’elle existe dès le séminaire. « Nous pouvons faire de la formation et être vigilants sur les qualités relationnelles des prêtres ; cependant, les études montrent qu’il n’y a pas de « profil-type », précise Karl-Aymeric de Christen. Il n’existe pas de tests pour dépister la pédocriminalité… »