Les soirées ou week-ends d’intégration festifs ont la cote auprès des étudiants qui en profitent pour se familiariser avec leur nouvel environnement de travail et l’ensemble de leurs camarades. Si nombre de ces évènements sont sans risque, le bizutage persiste dans certains établissements et doit être pris au sérieux. À Orléans, en septembre 2017, une soirée d’intégration de la prépa bio, chimie et physique du lycée Pothier avait quelque peu dégénéré. On avait notamment évoqué, à l’époque, « des élèves dénudés près de la cathédrale » et des « gestes à connotation sexuelle ». Une enquête avait notamment été ouverte par le Parquet, sans que l’on ait connu, à l’époque, les conclusions des investigations. Le Procureur de la République avait cependant parlé d’un bizutage d’« une faible intensité ».
Le bizutage existe dans les milieux étudiants depuis le Moyen Âge, mais se développe essentiellement à partir du XIXe siècle. Les violences physiques, sexuelles et morales qui sont infligées, peuvent se révéler traumatisantes. Elles ont généralement lieu dans un contexte de forte ébriété, qui rend les « bizuts » particulièrement vulnérables. En France, le bizutage est un délit depuis 1998. Les auteurs encourent jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et 7 500 € d’amende, et ce même si la victime était consentante. Une façon de se prémunir de la pression de groupe qui empêche certains étudiants de dire « non ». Le Comité national contre le bizutage (CNCB), crée en 1997, a activement participé à l’élaboration de cette loi. Ce collectif recueille des témoignages, accompagne les victimes, met en œuvre des actions de prévention et travaille en relation étroite avec les pouvoirs publics et le ministère de l’Éducation nationale. En 2008, des scandales impliquant des pratiques de bizutage étaient d’ailleurs remontés jusqu’à la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, qui les avait fermement condamnés dans les médias, appelant le corps enseignant à faire preuve d’une extrême vigilance et allant jusqu’à démettre de ses fonctions le recteur de l’académie d’Amiens, dans laquelle les faits s’étaient déroulés.
Si vous êtes victime…
Même si le poids de la tradition pèse sur ces pratiques et si peu de plaintes sont effectivement déposées, il existe heureusement de nombreux recours. Ces situations avilissantes sont généralement dissimulées et présentées comme des « défis », des « gages » ou des « challenges ». Mais que vous soyez victime ou témoin, il est primordial de prendre conscience qu’il s’agit d’un délit puni par la loi. La meilleure attitude consiste donc à porter plainte et à informer les responsables de l’établissement où le bizutage a eu lieu. Vous avez également la possibilité d’être suivi et épaulé dans vos démarches par le CNCB (voir encadré), que vous pouvez joindre de façon totalement anonyme. Sachez aussi qu’il existe un numéro d’appel dans chaque rectorat (du lundi au vendredi de 9 heures à 18 heures) afin de protéger les étudiants des dérives du bizutage. Que l’on se rassure tout de même : de nombreux établissements proposent aujourd’hui une période d’intégration festive et totalement inoffensive.