L’opération de communication menée le week-end dernier par les forçats de l’État sur tout le territoire national avait visiblement un but : montrer aux Français que l’on apercevait la fin du tunnel de la crise sanitaire. Le premier confinement fête cette semaine son premier anniversaire : il y a des commémorations dont on se passerait bien, et il est peu probable que dans les chaumières françaises, on le célèbre en sabrant le champagne.
Dans le pays, à l’heure de souffler (dans son coude évidemment…) sur cette vénéneuse bougie, pointe surtout le sentiment d’une immense lassitude. Celle-ci s’est imposée face aux grognements et autres sentiments de frustration. Nous avons intériorisé la situation actuelle et, en de très rares exceptions, nous ne nous y opposons plus : presque plus personne ne prend ainsi le risque de marcher sans masque dans les rues d’Orléans, devenues désespérément tristes. Les samedis soir ressemblent aux autres, sans joie ni verres qui trinquent. En un an, nous nous sommes habitués, plus vite que nous le pensions, à voir nos existences tourner au ralenti, à être peu à peu démunis de ces carburants qui faisaient tourner nos moteurs intérieurs. Nous en sommes réduits à attendre, à croire que la fin de la « guerre » est pour bientôt, peut-être. Certains se battent encore sur le front de la réouverture des lieux culturels sans bien savoir si ce combat est perdu d’avance. Alors Jean Castex, en costume de bon samaritain, déclare timidement que d’ici deux mois, aux alentours de la mi-avril, nous pourrons envisager le début du commencement d’un retour à la normale.
Reste à savoir ce que cette « normalité », éprouvée par un an de peurs, de contraintes et de privations, recouvrera comme réalités. Car après une année de crise, après avoir été touchés pour certains dans les corps, pour d’autres dans les cœurs, pour beaucoup dans les deux, nous sortirons tous plus ou moins abîmés de ces mois infernaux. Il faudra du temps pour se reconstruire, faire le deuil de moments abandonnés en route et se lancer, avec toute la délicatesse du papillon, dans une reconstruction de notre futur et de nos têtes. Ce ne sera pas, quoi qu’on en dise, la relance la plus évidente.