« Ça va vous, pas trop chaud ? » Cette question banale aura été le tube de l’été dans les campings de France. Rarement depuis le début du siècle, nous avions ainsi eu l’impression d’étouffer à ce point, écrasés par des températures qui ont frôlé ou dépassé les 40 °C en de multiples endroits. Et dire qu’il y a quelques années seulement, nous avions l’impression de suffoquer quand le mercure s’approchait des 35 °C ! L’été 2022 nous donne ainsi un gentil petit aperçu de ce que nous et nos enfants vivront dans dix ou vingt ans si ceux qui nous gouvernent, ceux qui entreprennent et ceux qui consomment ne changent pas radicalement leur manière d’être et de penser dans les mois qui viennent. La Terre brûle, et nous pensons qu’il est encore possible de dissoudre la Transition dans le capitalisme ? Cette recette-là n’offrira que du réchauffé, parce que, pris un à un, nous tenterons toujours de faire peser sur le voisin ce qu’une véritable révolution écologique coûtera à notre confort quotidien. N’étant pas assez matures pour faire confiance au seul marché et à une hypothétique « croissance verte », c’est à la puissance publique où qu’elle se trouve d’appuyer sur le frein, de tracer un cap et de donner de (très) grands moyens pour éviter que lors des prochains étés, nous ne constations le tarissement des rivières et des robinets en pleurant amèrement sur nos sorts.
L’été n’a pas fini de se consumer qu’il draine déjà le spectacle de l’automne : la végétation, sèche à en crever, libère ses feuilles mortes des branches assoiffées, signe d’une nature qui a perdu ses repères. Mais il paraît que la grande bataille arrive et que dans les cerveaux de nos gouvernants, un plan de sobriété se prépare enfin et que les consciences sont enfin réveillées… Pitié ! Que ces promesses de changements ne se soient pas envolées quand l’hiver arrivera ; que le souvenir de cette fournaise estivale contribue à roussir durablement les synapses de ceux qui pensent que cet été infernal ne se reproduira pas : si tel était le cas, nous n’aurions, au moins, pas tout perdu…