Il n’a pas fallu qu’une pauvre fonctionnaire de police se fasse massacrer dans un commissariat des Yvelines pour que s’égosillent de nouveau les singes hurleurs. À la suite de cet assassinat, ils sont pourtant sortis de leur boîte sans même attendre que le cadavre soit froid et que l’émotion soit retombée. Cela fait longtemps que la décence ne les étouffe plus et qu’ils soufflent sur le moindre départ de feu afin d’étendre le grand incendie. À droite, à un an de l’élection présidentielle, quelques tristes bateleurs explosent déjà tous les records de démagogie pour tenter de forcer le destin en rejouant le bon gros coup de l’insécurité galopante qui menacerait l’équilibre du pays. Rouge sur blanc, tout fout le camp ? Ces pyromanes n’en ont cure et mélangent, sans crainte d’indigestion, immigration et terrorisme, islam et islamisme, laïcité et violences dans les quartiers ; pour eux, tout a un lien, tout se vaut et s’inspire finalement d’un Trumpisme à la petite semaine, la moumoute en moins.
Parmi ces bêtes de foire qu’on agite comme des poupées de chiffon, il y en a un qui se retrouve, dans sa retraite vendéenne, une seconde jeunesse : le vicomte Philippe de Villiers, replié dans sa haine recuite, veut faire croire que la France est au bord de la guerre civile et en appelle à l’insurrection. Le voilà, perruque poudrée au vent, qui déborde, sur sa droite le Rassemblement National en agitant le spectre du « grand remplacement ». Et c’est cet homme, empêtré dans de scabreuses affaires familiales, qui vient donner des lecçons de conduite ? C’est cet aristocrate poisseux qui aimerait que soit rejoué, cinquante ans après Alger, le putsch des « généraux à la retraite » ?
On ne sait s’il monte vraiment, dans la société, une forme de fracture identitaire ou si ces discours sont simplement amplifiés par une caisse médiatique qui n’aime rien tant que mettre en exergue les paroles outrancières ; ce qu’on sait en revanche, c’est que lorsque commence à dégouliner cette diarrhée verbale, il vaut mieux tirer la chasse au plus vite.