Le week-end dernier, Orléans a été le théâtre de deux faits divers violents. Samedi après-midi, on a multiplié les pains aux alentours de Place d’Arc tandis que le soir-même, un homme a été pris à partie dans le parking Charpenterie. Chutant dans l’escalier, il s’est fracturé les jambes. Deux scènes de la bêtise ordinaire, deux traumatismes pour les victimes et/ou les spectateurs de ces agressions, et la confirmation, pour certains, que les rues d’Orléans ne sont plus sûres le soir.
Même si Serge Grouard a insisté, durant sa campagne électorale, sur le constat que l’insécurité revenait doucement dans les rues de la cité johannique, ses adversaires, de droite, du centre et de gauche, étaient plutôt d’avis qu’Orléans était très loin de ressembler au Bronx. Si la rue des Carmes n’est certes pas Tijuana, si La Source n’est pas non plus Gotham, il reste difficile de nier le fait que les outrages au quotidien, les petites incivilités qui agacent ou les réactions disproportionnées pour un masque non porté sont désormais monnaie courante. Notre société serait-elle devenue plus violente qu’au siècle dernier, ou qu’il y a même 10 ou 20 ans ? Impossible à dire, tant passent au travers du tamis ces agressions minimes ne laissant aucune trace sur les procès-verbaux, mais imprègnent l’âme de bleus qui finissent par former une carapace.
Le port du masque, ces derniers mois, contribue à masser aux frontières de notre sphère privée des garde-fous qui font de plus en plus office de garde-corps. Au « pousse-toi de là que je m’y mette », le « ne me pousse pas ou je t’en mets une » devient une réponse habituelle. Est-ce le virus ou la menace du terrorisme qui nous incite à nous recroqueviller derrière nos barricades de fortune, et à montrer les dents dès qu’un de nos congénères s’en approche de trop près ? Le « séparatisme » qu’annonce vouloir combattre le chef de l’État n’est pas qu’affaire de religion ; il fragmente et divise ceux qui ne supportent pas le même club de foot, qui n’écoutent pas la même musique ou qui, tout simplement, refuse le débat d’idées. Pour lutter contre l’insécurité, mettons plus que jamais le pa(r)quet sur l’éducation et le vivre-ensemble. Et les vaches seront, peut-être, un peu mieux gardées.