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Des hommes et des dieux

Des hommes et des dieux

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Le week-end dernier, sur la terre battue de Roland-Garros, un homme s’est un peu plus approché des étoiles : il s’appelle Rafael Nadal, joue au tennis et a remporté, il y a quelques jours, son 20e titre du Grand Chelem, son 13e à Paris. Ceux qui ne connaissent rien au sport se demanderont bien à quoi ces chiffres correspondent : disons, pour simplifier, que cet exploit fait de lui l’un des plus grands tennismen de tous les temps, et l’un des sportifs les plus dominants de l’Histoire. 

Alors il est doué, « Rafa », il est sympa, mais il a un problème : il écrabouille tout ce qui lui passe sous la raquette, donnant à ses victoires une dimension d’écrasement que même d’immenses champions comme Michael Jordan ou Mohammed Ali n’avaient jamais offerte. Nadal, c’est l’incarnation de l’infaillibilité et la négation de l’incertitude ; c’est à la fois ce qui se fait de mieux dans le sport et ce qui contribue à le déshumaniser.

Pour le moment, les médias n’ont d’yeux que pour « Rafa », admiré, couronné et consacré par toute la presse mondiale. Pourquoi une telle dévotion ? Parce que le sport est une arme qui permet à l’Homme de tutoyer les dieux ; il charrie aussi l’idée d’une croissance infinie que la chasse aux records nourrit. Le sport contemporain porte en lui des valeurs fondamentalement égotistes, capitalistes et expansionnistes. Est-il pour cela méprisable ? Non, car il nourrit l’imaginaire, offre à des millions de gamins et à d’autres grands enfants la possibilité de s’identifier. Malgré tout ce que nous savons aujourd’hui faire, calculer ou produire, nous avons toujours besoin de héros, de mythes et de légendes modernes. Cependant, par le péché d’orgueil intrinsèque qu’il véhicule, le sport fait aussi courir à sa perte les esprits les plus rationnels qui soient : un millionnaire qui engloutit une partie de sa fortune pour présider un club de foot, un État qui creuse ses déficits pour accueillir une grand-messe olympique, ou des élus qui valident, les yeux fermés, des dépenses somptuaires pour que sorte de terre une salle de 10 000 places… 

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