Une bonne partie du dossier de cette semaine que nous consacrons aux personnes âgées porte sur le rapport des séniors au « numérique ». Il y a encore quinze ans de cela, beaucoup d’entre eux tremblaient comme des feuilles à l’idée d’appuyer sur la touche « entrée » d’un ordinateur. Maintenant qu’ils ont compris qu’un simple « clic » n’allait pas faire exploser leur maison, ils trouvent désormais simples comme bonjour de prendre des photos, de les envoyer sur une boucle WhatsApp ou de commander en ligne. Aussi les entreprises ont bien compris quel intérêt elles pouvaient trouver à mettre leurs grosses papattes sur ce marché : la « silver economy » (ou économie des séniors), comme on l’appelle, s’est trouvé une nouvelle poule dans sa basse-cour aux œufs d’or, avec comme objectifs d’apporter aux générations du Papy-Boom des solutions pour ne pas mourir d’ennui entre deux parties de Scrabble et de Chiffres et des lettres.
On espère, mais ce n’est pas certain, que nos anciens se montre(ro)nt moins cinglés que leurs enfants ou leurs petits-enfants dans l’usage qu’ils f(er)ont de l’outil numérique, et des réseaux sociaux principalement. Car si ceux-ci sont le reflet de ce qui se passe dans la rue, alors il faut vraiment être inquiet pour l’état mental des Français. Hater, raciste, complotiste : le portrait-robot du « commentateur » type fait le plus souvent état de ces charmantes qualités, à moins qu’il ne se fasse davantage remarquer parce qu’il gueule en général le plus fort et écrit aussi le plus mal. Nous-mêmes à La Tribune Hebdo, nous avons affaire depuis quelque temps avec un de ces zozos qui ferait mieux d’aller frapper à la porte d’un psy ou de trouver un boulot plutôt que de nous les briser menu. Dommage que, sur ces réseaux, il n’y pas de permis d’écrire comme il y a un permis de conduire ou un permis de chasser : on y naviguerait peinard comme sur l’autoroute des vacances !