Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis ? Alors Manuel Valls et Jean-Paul Huchon, anciens socialistes ayant exercé de hautes fonctions sous cette étiquette, devraient exploser tous les tests d’intelligence. En soutenant publiquement la candidate de droite, Valérie Pécresse, au détriment d’une union de la gauche lors du deuxième tour des élections régionales en Île-de-France, ils ont – dirons-nous poliment – tourné le dos à leurs engagements passés. Se dédire de la sorte peut-il cependant être considéré comme un reniement ? N’est-ce pas, plutôt, le reflet d’une vraie souplesse intellectuelle, le refus d’un certain sectarisme ? La sentence est connue : celui qui n’est pas de gauche à 20 ans n’a pas de cœur ; celui qui l’est encore à 50 ans n’a pas de raison.
Alors oui, on peut faire évoluer sa pensée, ses analyses et ses révoltes ; c’est même plutôt un signe de vitalité, et la promesse que l’esprit n’est pas granitique. Mais le malheur, dans bien des cas, réside dans le fait que ces cheminements sont souvent empruntés par calcul et par intérêt : se fâcher publiquement avec l’un pour (re)trouver les bonnes grâces de l’autre ; prouver à son adversaire, au pied de la potence, que vous pouvez encore lui être utile ; lui indiquer enfin, le cas échéant, que vous pourrez lui renvoyer l’ascenseur quand il sera lui-même redescendu jusqu’au bas de l’échelle.
À Orléans comme ailleurs, ce genre d’oiseaux se laisse particulièrement observer avant ou après les campagnes électorales, lorsqu’il faut sauver ce qui peut l’être ou bien quand il y a des trahisons à réparer. Car toujours l’animal politique, acteur de génie et bonimenteur averti, pense au coup d’après, tentant de vite percevoir le sens du vent qui le fera voler encore quelques heures, quelques mois, avant de s’écraser, vaincu, au cimetière des idées combattues.
Les convictions, pense-t-il…
Quel piège à cons !