Héros

Benjamin Vasset
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Le monde n’a pas attendu 2020 pour se chercher des héros. La semaine dernière encore, les médias, dans leur quasi-unanimité, se sont empressés d’applaudir, à grands renforts de titres laudateurs, le footballeur Demba Ba qui, lors du match PSG-Istanbul Basakhesir, fut « l’homme qui a dit non » (L’Equipe) en faisant cesser le spectacle après les déclarations « racistes » du quatrième arbitre. Lui, un héros de l’antiracisme ? Si Demba Ba a eu raison de faire entendre sa voix, prenons garde à ne pas le mettre, lui comme d’autres, sur un piédestal. Un coup d’œil sur ses prises de position « politiques », qu’il disperse d’ailleurs comme des cailloux sur les réseaux sociaux, invite en effet à la prudence : n’est pas Martin Luther King qui veut. 

Cet épisode interroge pourtant : d’où vient notre besoin de porter aux nues l’un des nôtres, de se pâmer d’admiration devant un athlète, un chanteur, un comédien ? Pourquoi cherchons-nous, en politique, un « homme providentiel » ? L’être humain est-il encore si pétri de panurgisme pour ressentir, au fond de lui, l’impérieuse nécessité de se désigner des bergers ? Dans le long cheminement des siècles, il aura pourtant fallu du temps pour déboulonner les rois, les empereurs ou les dictateurs : il en reste encore bien trop de par le monde, et même aujourd’hui, chez nous, en France, dans le berceau de la démocratie contemporaine, on dit du chef de l’État qu’il est un monarque républicain. 

Il est vrai, aussi, que nous aimons nos rois, grandiloquents ou de pacotille, pour savourer le moment où ils se retrouveront sans trône. Il n’y a qu’à voir, du reste, le torrent de récriminations –pour être polis – que s’est attiré Demba Ba au lendemain de son « exploit » pour comprendre que de nos jours, nos héros sont surtout des colosses au pied d’argile. 

Plus près de nous, dans ses bottes de sept lieues, dans son manteau rouge et sous sa barbe blanche, il y a, cependant, encore un héros qui nous rassemble et s’apprête à frapper à nos portes en cette fin d’année. Faisons-lui bon accueil : il vient de notre enfance et règne encore sur les rives de notre espérance. 

Joyeuses et prudentes fêtes à tous. 

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