Lundi dernier, Nicolas Sarkozy a été condamné par le Tribunal judiciaire de Paris à trois ans de prison, dont un ferme, pour trafic d’influence et tentative de corruption dans l’affaire dite des écoutes. La peine, sévère, a été abondamment commentée : par la défense de l’ancien Président, ce qui est à peu près compréhensible, mais aussi, ce qui l’est moins, par la « famille » politique de Nicolas Sarkozy, qui s’est succédé à la barre des réseaux sociaux pour crier au scandale et à l’injustice. Le chef des Républicains, Christian Jacob, est même allé jusqu’à s’interroger sur l’existence même du Parquet National financier. Le fait est que ce n’était pas le sujet, puisque le jugement de cette affaire a été rendu par un magistrat du Siège, ce qui en revient à pointer du doigt Paul (mais non, pas Bismuth…) d’un acte commis par Pierre. Mais surtout, ces mêmes responsables politiques, qui sont encore pour certains mandatés par le peuple pour écrire la loi, se sont joyeusement affranchis des limites morales que leur fonction impose : ne pas commenter une décision de justice quelle qu’elle soit, quand bien même elle porte atteinte au prestige de celui qui reste, à bien des égards, leur père putatif.
Par ces commentaires, les Républicains ont choqué, et pas seulement ceux qui sont leurs contradicteurs ordinaires : ils ont en fait donné l’image d’un clan rabougri qui souhaiterait s’affranchir des règles qu’il veut imposer aux autres, alors même que cette « famille » politique érige, dans son patrimoine idéologique et ses programmes politiques, le respect du droit et de l’ordre comme valeurs cardinales. En une série de tweets lâchés dans le cadre dérégulé du tribunal de l’opinion populaire, ils ont à la fois foulé au pied leur honneur et leur raison d’être. Certes, ils ont préparé le terrain pour d’autres échéances judiciaires (le début du procès de l’affaire dite Bygmalion est prévu le 17 mars), mais ont surtout montré à quel point leur visage devenait laid dès lors qu’ils s’éloignaient de leur promesse de servir le bien commun et recommençaient à faire, dans un réflexe pavlovien, de la « politique à l’ancienne ». Un concept qui a, pour sa part, un avenir doré.