Dans deux mois très précisément, la France connaîtra le nom de son nouveau président de la République. Celui ou celle qui décrochera la timbale devra d’emblée se retrousser les manches, puisqu’il se retrouvera catapulté dans le grand jeu de bonneteau de l’Europe de l’Est, mais devra aussi gérer la suite de la plus grande pandémie des cent dernières années, tout en s’attelant à faire baisser à la fois le thermomètre de la planète et celui des contestations sociales. Ce copieux programme place ainsi ce quinquennat 2022-2027 comme l’un des plus importants de ce début de siècle mais pourtant, à deux mois de l’échéance ultime, l’encéphalogramme de la campagne est aussi plat qu’une route de Beauce. La faute, évidemment, à un Président sortant qui n’en finit pas de ne pas se déclarer. Cela au grand dam de ses adversaires, qui l’attendent dans l’arène afin de pouvoir l’étriller et de faire oublier que pour l’instant, personne ne les entend, sauf quand ils ratent leurs meetings. Car du bruit de fond qui émerge des limbes de cette pré-campagne on ne retient aujourd’hui qu’un vague ressac autour de la « course aux parrainages », d’un « grand remplacement » fantasmé ou de « prises de guerre » de l’extrême droite à la droite extrême. Pas sûr, en y réfléchissant, que cela fasse grimper l’électeur aux rideaux. Du fond, pourtant, il y en a chez certains, mais il est écrasé par le rouleau-compresseur médiatique de l’info en direct et de l’image – ou de la phrase – qui va « impacter ».
Allez, il reste encore deux mois pour jeter les bases d’un débat qui mette l’enjeu collectif à hauteur d’Hommes au lieu de flatter les intérêts individuels et les réflexes de repli. D’ici à deux mois, verra-t-on se dégager un cap, voire une vision, qui nous promette un avenir meilleur et les moyens de l’atteindre, sans attiser la peur et la colère ? Est-il encore possible de rassembler sans broyer du noir ? Il le faudrait : deux mois, c’est court, mais cinq ans, c’est long.