Dis papy, pourquoi tu tousses plus ? La semaine dernière, l’enquête fouillée d’un journaliste indépendant a mis en lumière les conditions d’accueil et les traitements parfois sordides qu’infligeaient certaines maisons de retraite à leurs bons clients. Et pour parfois très cher, les délestant ainsi des économies qu’ils ont accumulées durant une vie de labeur et dont leur descendance ne verra rien. Nos vieux se meurent, et c’est pour certains la meilleure chose qu’ils ont à faire s’ils ne veulent pas servir de variable d’ajustement au capitalisme le plus vorace.
Plus près de nous, à Orléans, le maire de la ville sort de son chapeau un partenariat avec une faculté étrangère pour former les médecins qui manquent sur son territoire. Au-delà des arguties juridiques et du sens politique que l’on peut prêter à cette démarche, Serge Grouard ouvre une brèche en appelant à la rescousse un État pour intervenir dans les affaires d’instruction d’un pays tiers. Et dans un secteur « stratégique », peut-être même le plus précieux qui soit : celui de la santé. Certes, cela fait longtemps que des médecins roumains, marocains ou camerounais viennent à la rescousse d’hôpitaux français en souffrance afin d’y soigner le cancer de madame ou les rhumatismes de monsieur. Au départ, cela a pu interpeller un peu, mais au bout d’un moment, personne n’a plus tellement râlé sur cette immigration-là : après tout, tant qu’on était entre de bonnes mains, on n’était pas trop regardant sur la marchandise… En demandant à une faculté étrangère de parer aux ratés d’un système universitaire français ayant bien dérapé du bistouri pendant 20 ans, Serge Grouard met le doigt dans une plaie béante. Il le sait et va s’en servir pour appuyer là où ça fait mal. On n’aimerait pas forcément passer entre les mains d’un toubib pareil, mais son remède de cheval aura peut-être une vertu thérapeutique : celle de se rendre enfin compte que la santé doit être un service public à part entière et qu’en la matière, il ne faut pas mégoter sur le nombre de doses à injecter.