Dans la sphère économique, un sujet est plus que jamais sous le feu des projecteurs : les difficultés de recrutement, qui touchent tous les secteurs d’activité. « Il y a une hausse significative des emplois vacants et du nombre des chômeurs longue durée », a expliqué début octobre la Préfète du Loiret, Régine Engström, alors qu’elle recevait plusieurs représentants d’entreprises et de fédérations pour signer la charte « Les entreprises s’engagent ». « Il faut à tout prix réconcilier l’offre et la demande, a poursuivi la préfète. Ça veut dire mettre en relation les entreprises et les personnes éloignées de l’emploi : les jeunes des quartiers prioritaires, les séniors et les personnes en situation de handicap. » La charte en question est un dispositif investi par l’État en 2018, à l’origine axé sur les quartiers prioritaires, et comprenant 13 thématiques dont l’accent est mis sur les stages de 3e, l’alternance, l’insertion des personnes handicapées, la mixité, etc. « Quand une entreprise signe cette charte, c’est qu’elle s’engage à œuvrer dans le bien commun et à aller à la rencontre de ces publics dans le cadre de son recrutement », indique Franck Beauvallet, président du CREPI (Clubs Régionaux d’Entreprises Partenaires de l’Insertion), ambassadeur de la charte.
Si 72 entreprises du Loiret sont désormais signataires de la charte, 25 ont célébré début octobre leur arrivée. Parmi elles, Baudin-Châteauneuf, groupe centenaire dont le siège se trouve à Châteauneuf-sur-Loire et qui compte une trentaine de sites en France. Avec une diversité impressionnante de métiers, le groupe s’est dit chanceux de pouvoir mener des actions « en local ». « On crée des ponts, au sens propre comme au figuré, a indiqué le représentant de l’entreprise à l’occasion de la signature. On considère que l’apprentissage est une voie d’excellence, heureusement que les pouvoirs publics soutiennent ce modèle d’insertion, car il fonctionne à tous les niveaux. Nous sommes aussi très attentifs à la mixité, nous possédons d’ailleurs au sein de nos salariés plus d’une centaine de nationalités différentes. »
Comment être plus attractif ?
Pour donner envie de le rejoindre, Ana Bell Group, implanté dans le Montargois, innove également à son niveau en mettant les salariés au premier plan. « Nous partageons le capital avec les salariés, précise Luc Bellière, son dirigeant. Nous sommes aussi à l’origine d’une association, Percée3C, qui prépare les entreprises à affronter les transitions sociétales et environnementales. » Quand il ne s’agit pas de l’image des métiers, il s’agit aussi de « rendre le monde de l’entreprise attractif ». Antoine Baudin, directeur de Véolia Beauce-
Sologne-Berry, qui emploie entre 8 et 12 alternants sur 200 salariés, tente ainsi des choses nouvelles : « Nous avons par exemple mené en octobre 2021 une action faisant se rencontrer, par le biais de speed-meetings, nos salariés et des associations de l’insertion afin que les métiers soient mieux connus. »
Cette mise en relation est pratiquée par de nombreux réseaux, dont la Fédération des entreprises d’insertion Centre-Val de Loire, également signataire de la charte. « Nous mettons les candidats entre les mains d’entreprises spécialisées dans l’insertion qui les préparent, par la suite, à intégrer d’autres entreprises, explique Laurence Edmeads, déléguée régionale de la fédération. C’est beaucoup de sur-mesure, nous travaillons en profondeur sur le savoir-être et sur les projets professionnels des demandeurs d’emploi. »
D’autres entreprises ne manquent pas de témoigner à leur tour de leurs actions en faveur de l’insertion des personnes éloignées de l’emploi. « Nous permettons aux lycées techniques de passer de la théorie à la pratique en invitant les élèves à s’immerger dans nos chantiers », raconte Vincent Henneron, directeur général de Valloire Habitat. Éric Bongibault, responsable développement de Pithiviers nettoyage, mise lui sur le dispositif CLEE (Comités Locaux École-Entreprise), qui met en relation les écoles et le monde de l’entreprise à l’occasion de visites et d’échanges avec les professeurs. Engagés dans cette charte « Les entreprises s’engagent », les sociétés signataires sont en tout cas unanimes : tous les moyens sont bons pour attirer de nouveaux salariés. Le monde à l’envers !