Bilan et perspectives en Centre-Val de Loire
Malgré quelques données encourageantes, les chiffres de fin 2019 présentés par la Banque de France en région ne font pas rêver, même s’il devrait y avoir quelques reports, notamment de production, début 2020. Bien qu’au niveau national, on prédise une baisse du chômage sur le printemps 2020 – avec un taux qui atteindrait les 8,2 % –, des inconnues existent en région Centre-Val de Loire. Parmi elles, les affrontements douaniers entre la Chine et les États-Unis au niveau international, ainsi que les conséquences du Brexit pour notre région, qui compte de nombreuses entreprises étrangères et a des liens commerciaux forts avec l’Angleterre, a rappelé Pierre Pouëssel, préfet de région. Pour ce qui est du Brexit, justement, Laurent Sahuquet, le directeur régional de la Banque de France, a voulu tempérer la semaine dernière la situation. « Rien n’est réglé aujourd’hui, explique ce dernier. Les négociations peuvent durer jusqu’à fin 2020. On est toujours dans l’inconnue.
« Nous sommes clairement dans une phase d’uberisation »
Il y a aussi une part de psychologie qui peut jouer. L’impact du Brexit devrait plutôt être ressenti en 2021. Il y a aussi eu des phénomènes d’anticipation avec l’annonce du retrait britannique, notamment sur les expéditions. » D’autre part, la fin programmée du diesel et la transition écologique devraient également toucher le secteur automobile de notre région, qui compte de nombreux sous-traitants.
Un record de créations d’entreprises
Si les créations d’entreprises en Centre- Val de Loire augmentent, avec 5 350 nouvelles entreprises recensées en 2019 en région (le nombre le plus important atteint depuis 2010), les plus dynamiques depuis 2018 restent les microentreprises, qui demeurent, par contre, peu créatrices d’emplois salariés. « Nous sommes clairement dans une uberisation de la société », analyse-t-on du côté des services de la Banque de France, rejoints dans leurs réflexions par le service des études et statistiques de la DIRECCTE Centre-Val de Loire, qui indique un taux de survie plutôt faible de ce type d’entreprises (trois ans en moyenne), même si la pérennisation des structures semble être plus forte en région Centre-Val de Loire que dans le reste de la France.
Les services de la Banque de France soulignent néanmoins la progression des entreprises hors microentreprises (3 000 fin 2019). Ces créations se concentrent pour plus de la moitié dans le secteur des services (53 % des créations). On constate aussi moins de défaillances d’entreprises au 3e trimestre (1 840 défaillances 2019). « Les principaux secteurs touchés sont cependant le commerce, les transports, l’hébergement et la restauration », a-t-on indiqué vendredi dernier.
L’emploi salarié en baisse
L’emploi, c’est aussi là que le bât baisse… Le chômage a en effet enregistré une légère hausse au 3e trimestre dans presque tous les départements du Centre-Val de Loire, avec un taux de 8,2 % enregistré en région, contre 8,3 % au niveau national. Cependant, ce taux est de 8,4 % dans le Loiret (en baisse de 0,4 % sur l’année), mais de 7,9 % en Indre-et-Loire (en baisse de 0,3 %)… L’emploi salarié a légèrement diminué en Centre-Val de Loire au troisième trimestre 2019, mais la baisse a été plus modérée dans le secteur privé.
Ces chiffres donnent clairement à réfléchir quand on entend les représentants des entreprises, notamment loirétaines, évoquer leurs difficultés de recrutement. C’est d’ailleurs le cas dans le bâtiment, qui « a une bonne orientation de +6 % par rapport au trimestre précédent, mais qui enregistre une décélération sur la fin d’année (NDLR : les élections municipales arrivent). En matière de construction de logements, notre région se situe cependant dans une tendance positive par rapport au niveau national. Nous progressons au niveau de la construction de maisons individuelles, mais aussi de bâtiments industriels. »
L’industrie en retrait
Région industrielle, le Centre-Val de Loire observe une activité en retrait dans ce domaine en fin d’année, mais ne développe pas d’inquiétudes pour autant. « En raison du manque de transport notamment, il y a eu des fermetures d’usines, et il devrait y avoir un report en janvier de certaines commandes, modère Christine Gord, la directrice adjointe régionale de la Banque de France. Nous devrions le voir avec les prochains chiffres analysés. »
Les services, quant à eux, sont un secteur « qui dope la région », avec une progression de 12 % pour les activités informatiques. En ce qui concerne la restauration, et contrairement à l’an passé où le secteur avait souffert de la crise des Gilets jaunes, celui-ci progresse. Enfin, les transports connaissent également une évolution positive pour la logistique.