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Fleury-les-Aubrais, Saran, Saint-Jean-de-la-Ruelle et Saint-Jean-de-Braye : les micro-forêts urbaines, quels réels bénéfices pour l’environnement ? 

Fleury-les-Aubrais, Saran, Saint-Jean-de-la-Ruelle et Saint-Jean-de-Braye : les micro-forêts urbaines, quels réels bénéfices pour l’environnement ? 

Fleury-les-Aubrais, Saran, Saint-Jean-de-la-Ruelle et bientôt Saint-Jean-de-Braye se sont lancées ou se lanceront dans la plantation de micro-forêts urbaines. Ces actions, sur lesquelles les municipalités communiquent volontiers, ont-elles cependant un véritable impact sur l’environnement ?
Gaëla Messerli
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Contrairement à ce que l’on pourrait croire en voyant pousser des « micro-forêts » dans la métropole d’Orléans, le concept ne date pas d’hier. Il a en effet été imaginé par le botaniste japonais Akira Miyawaki dans les années 80, qui était parti du principe qu’en plantant les végétaux et arbres de manière serrée, on pouvait recréer un écosystème forestier. Selon ses adeptes, cette méthode permet ainsi une croissance plus rapide des arbres, une grande biodiversité ainsi qu’un entretien très réduit. 

Piéger le CO2

Dans la métropole, Fleury-les-Aubrais a été la première commune à s’être lancée fin 2020. « Cela faisait partie de nos projets de campagne », raconte Carole Canette, la maire socialiste de la ville, qui y a vu un moyen de créer des îlots de fraîcheur dans la commune, mais aussi des puits de carbone et une façon de faire revenir de la biodiversité. « Nous avons mis les espaces verts à travailler autour du projet. Nous avions, en plus, la chance d’avoir à l’époque un responsable des services qui s’était déjà penché sur le sujet. » Après une première micro-forêt de 3 000 arbres – des essences locales dont certaines sont adaptées au changement climatique – située à l’angle des rues Marcelin-Berthelot et René-
Ferragu, « une deuxième dans la continuité et une troisième fin 2021 » ont été plantées. Et Fleury-les-Aubrais ne compte pas s’arrêter là, puisque la commune a déjà convaincu d’autres acteurs. « Cette année, le lycée devrait en planter une, l’enseigne Leclerc s’y est également mise, poursuit Carole Canette. Et dans le cadre des projets d’urbanisme ou auprès des bailleurs, même si nous ne pouvons pas l’exiger, nous cherchons aussi à convaincre… » La Ville devrait créer en 2024 une nouvelle micro-forêt et soumettre le choix de son implantation aux habitants. 

À Saint-Jean-de-la-Ruelle, les habitants étaient eux aussi conviés le 26 novembre dernier par la municipalité PS à planter une micro-forêt, rue du Vieux Bourg, sur une parcelle de 300 m2 proche de la tangentielle. « L’objectif est de créer un écran avec la voie rapide, de lutter contre la pollution mais aussi de créer un microclimat permettant de gagner quelques degrés dans le quartier », développe Françoise Bureau, adjointe au maire en charge des parcs et jardins, qui précise que la commune dépasse ainsi ses objectifs de plantation d’arbres. Les services des espaces verts ont en effet créé une micro-forêt de 1 200 plants d’essences locales. « Nous avons évalué à douze tonnes de CO2 qui pourraient a priori être piégées, chaque année, grâce à cette parcelle. Et nous aimerions réitérer l’expérience dans un autre quartier », ajoute l’élue. 

Saint-Jean-de-Braye sera la prochaine commune à démarrer ses plantations. « Après les élections, dans le cadre de la RSE, nous avons été contactés par Treeseve, une société qui a pour objectif de planter un milliard d’arbres avec les communes de France », explique Franck Fradin (EELV), adjoint délégué au patrimoine naturel et à l’agriculture. Après avoir examiné plusieurs sites, la municipalité a opté pour une parcelle de 3 500 m2, rue de la Loire, à proximité d’une aire de jeux. « Cela permettra aussi de créer une zone de fraîcheur dans l’ancien site IBM qui est en train d’être urbanisé », affirme l’élu. Deux entreprises de la commune soutiennent d’ailleurs cette action. Une deuxième micro-forêt doit également voir le jour dans le cadre du budget participatif « mais celle-ci devrait être de 1 000 m2, davantage en zone urbaine. Cela pourrait être au niveau de l’écoquartier du Hameau ».

Bien connaître le milieu 

Si ces initiatives sont animées d’intentions louables, qu’en est-il réellement de leurs bénéfices ? D’un point de vue scientifique, il existe peu d’études sur le sujet au niveau européen, si ce n’est celle de l’université italienne de Tuscia, menée en Sardaigne. En France, Serge Muller, professeur et chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris s’est penché sur le sujet et a conclu que l’« objectif ambitieux d’accroissement du couvert arboré et du nombre d’arbres dans les villes ne pouvait pas se limiter à la création de ces “micro-forêts Miyawaki” ». Cependant, le chercheur ne jette pas la méthode aux orties. Pour lui, celle-ci doit prendre sa place, « dans la panoplie des actions à développer, au côté des plantations d’arbres en ligne dans les rues, de l’extension des squares et parcs boisés, ainsi que de la création de “forêts urbaines” moins denses mais plus étendues, afin d’assurer une végétalisation accrue des zones urbaines ». 
Au niveau orléanais, Nicolas Déjean, botaniste et chargé d’études à Loiret Nature Environnement, est sur la même longueur d’ondes. « C’est toujours bien de planter des arbres, après il ne faut pas non plus s’attendre à trouver dans dix ans une forêt primaire…, illustre ce spécialiste. Et cela ne dispense pas de prendre soin des bosquets et milieux ouverts existants. » Le naturaliste parle en connaissance de cause, car l’association dont il fait partie a été mobilisée par un diagnostic pour la commune de Jargeau. « Avant d’implanter des essences, il est bien de connaître déjà le milieu existant : sa biodiversité, la nature du sol… observe Nicolas Déjean. De même, en ville, il vaut mieux diversifier les essences, les choisir locales, mais en tenant compte des quelques degrés supplémentaires qu’il peut y avoir, en ajoutant des spécimens un peu plus méridionaux. » La démarche de
micro-forêt demande aussi un changement de regard, notamment celui des habitants et des espaces verts face aux ronces et au lierre qui viendront s’installer. « On dit d’ailleurs que la ronce est le berceau du chêne… », rappelle le botaniste.

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