Richard Ramos, après le vote à l’Assemblée, quelle visibilité avez-vous sur le passage de la loi au Sénat ?
J’espère avant le premier trimestre 2023, voire peut-être en fin d’année. J’ai bon espoir que cela passe conforme, malgré les pressions de très riches propriétaires solognots qui vont essayer de démonter le texte. J’ai l’habitude des dossiers difficiles, après avoir gagné quelques combats contre Lactalis ou le consortium de la charcuterie industrielle… Si nous avons gagné celui-là avec 100 % des suffrages (voire ci-contre), c’est parce que nous avons beaucoup travaillé en amont, et je tiens à remercier particulièrement le sénateur Jean-Noël Cardoux. Ce qui nous a permis d’aller vite, c’est la confiance.
Êtes-vous aussi confiant sur l’application de la loi, qui va nécessiter un renforcement des forces de contrôle, notamment à l’Office Français de la Biodiversité ?
Un parlementaire a trois rôles : fabriquer la loi, contrôler l’action du Gouvernement et mesurer les politiques publiques. Lorsque je prends des sujets, je me bagarre, je les gagne et ensuite, je veille à leur application. Sur ce dernier point, je peux vous dire que les agents de l’OFB sont très motivés.
On ne vous entendait plus sur ce sujet ces derniers temps, et vous étiez notamment absent lors de la réunion organisée par≈le Conseil régional au Pathé Orléans. Pour quelles raisons ?
Je n’ai pas été invité et j’en ignore la raison, alors que j’étais cosignataire de la proposition de loi de François Cormier-Bouligeon et que cette réunion était dans ma circonscription. Sans doute parce que je ne suis pas un bourgeois et ne participe pas aux connivences politiques locales. Je suis resté un homme du peuple. D’ailleurs, j’allais braconner des girolles en Sologne pour gagner mon argent de poche, et j’ai été membre pendant dix ans de l’Union pour la Culture Populaire en Sologne. Il y a ceux qui parlent pendant des années, et puis il y a ceux qui font. Les associations ont des choses à défendre, je les défends. À mon niveau, j’ai senti l’opportunité de faire voter rapidement la loi, et au-delà de la victoire pour les animaux sauvages, j’ai à mon crédit une victoire politique.
Vous avez revendiqué en solo cette victoire auprès des médias. Cela ne sent-il pas un peu le coup politique ?
Je ne sais pas ce qu’est un coup politique, mais polis signifie « cité » alors oui, je suis un homme politique. Dans toutes mes interventions médiatiques et à l’Assemblée, j’ai systématiquement nommé Jean-Noël Cardoux et j’ai accepté tous les amendements déposés par François Cormier-Bouligeon. J’ai respecté l’ensemble des oppositions, y compris le Rassemblement national, que je combats par ailleurs. Ils font partie de la démocratie, et si l’on ne veut pas qu’une Marine Le Pen arrive au pouvoir, il faut rendre les choses visibles aux Français, employer des mots qu’ils comprennent et éviter les usines à gaz. J’ai aussi avancé avec les écologistes qui ont apprécié ma façon de travailler. Un garçon comme moi, dans la nouvelle configuration, même quand vous êtes ministre, vous n’avez pas envie de le voir débouler. Je suis capable d’aller chercher des côtés des deux rives. Alors oui, c’est de la stratégie politique, mais dans le bon sens du terme.