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La guerre en Ukraine secoue Orléans

La guerre en Ukraine secoue Orléans

Alors que l’Ukraine a été attaquée la semaine dernière par la Russie et que l’Europe tremble de voir ce conflit s’étendre sur son territoire, un rassemblement a eu lieu vendredi dernier à Orléans, auquel participaient quelques membres de la communauté ukrainienne de la métropole. Ces derniers ont peur pour leur pays, leurs proches et la paix sur le Vieux Continent.
Benjamin Vasset
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Au lendemain de l’attaque russe en Ukraine, environ 200 personnes étaient rassemblées vendredi dernier, à Orléans, pour faire part de leur soutien au peuple ukrainien. Ce rassemblement qui s’était décidé la veille, au moment du conseil métropolitain, avait été impulsé par plusieurs partis de gauche, dont le PS et le PC, qui ont ensuite été rejoints par EELV et La France Insoumise. Des syndicats (CGT, UNEF…) ont également pris part à ce rassemblement, ainsi que d’autres organisations comme le Mouvement pour la Paix. Les Républicains du Loiret ont annoncé s’y joindre le lendemain, au contraire de La République en Marche, même si on a pu voir place de la République le référent départemental du parti dans le Loiret, Nicolas Bertrand. À l’inverse, aucun cadre du Rassemblement national et de Reconquête n’était présent. Un couac, cependant : après que l’élu communiste fleuryssois Bruno Lacroix eut notamment parlé d’« intérêts capitalistes rivaux » ayant participé à l’escalade fatale en Ukraine, la délégation LR/UDI menée par Serge Grouard et Florent Montillot quitta les lieux. « La dialectique employée par M.Lacroix était totalement scandaleuse, digne de l’esprit de Munich, justifia après coup un Florent Montillot très énervé. Mettre sur le même plan l’agresseur et l’agressé, alors que Monsieur Poutine est exactement dans la même logorrhée qu’Hitler en son temps, à quoi cela rimait-il ? Du coup, nous avons préféré quitter discrètement ce rassemblement ». 

« Poutine ne s’arrêtera pas… »

Venus de la métropole, une petite dizaine d’Ukrainiens étaient également présents sur la place de la République, reconnaissables aux couleurs de leur pays d’origine qu’ils arboraient discrètement et à leurs affiches hostiles à Vladimir Poutine. Se lisait sur leur visage la crainte de ne plus revoir leurs proches restés au pays. Parmi ces Ukrainiens d’Orléans, Anita, étudiante, arrivée en France en 2010 avec sa mère, son frère et son beau-père, expliquait, la voix cassée par l’émotion que son « père, (ses) oncles et (ses) grands-parents étaient encore » en Ukraine. « Ma famille ne sait pas quoi faire, poursuivit-elle. Nous venons de Vinnytsia, une ville de 300 000 habitants dans le centre-ouest de l’Ukraine, qui n’a pas encore été bombardée. Mes oncles ne veulent pas quitter le pays, de toute façon ils ne le peuvent pas. Mes grands-parents disent : “Nous mourrons ici s’il le faut, mais nous ne quitterons pas l’Ukraine.” La majorité des gens ne veulent pas quitter le pays, ils veulent se battre jusqu’au bout. Même si nous n’avons pas beaucoup d’hommes et pas beaucoup d’armes, même si nous faisons face à la Russie, qui a la deuxième armée du monde, nous sommes un peuple très courageux. Ce qui nous aide, c’est notre amour pour notre pays. » 

Vendredi soir, au moment où le rassemblement orléanais se dispersait, Anita se disait touchée et « très reconnaissante » des marques de soutien et d’autres messages qu’elle avait reçus ces derniers jours sur ses réseaux sociaux, certains émanant même de personnes qu’elle ne connaissait pas. « Ça fait du bien de voir que des gens se soucient de notre pays, mais ce n’est pas ça qui va sauver notre peuple… » faisait-elle aussi remarquer. En voulait-elle à l’Occident de ne pas intervenir en Ukraine, malgré les sanctions prises les jours suivant par l’UE ? « Oui et non, répondait-elle. Oui parce qu’il y a vingt ans, l’Ukraine a donné ses armes aux États-Unis et au Royaume-Uni, qui devaient en retour la protéger. Aujourd’hui, la Russie est l’agresseur principal, mais les Américains ne comptent pas bouger leurs fesses. Et puis, ils ont mis de l’huile sur le feu et ont énervé Poutine avec leurs paroles en l’air, même si je pense que Poutine avait prévu son coup depuis plusieurs années. Et maintenant qu’il a attaqué, ils se rétractent… Après, je ne peux pas leur en vouloir. La Russie fait peur, personne ne compte se battre pour l’Ukraine, ni maintenant ni dans dix jours ni dans cinq mois, à part si d’autres pays européens sont attaqués… » Et la France, le pays d’adoption d’Anita ? « Elle a beaucoup promis et finalement ne fait rien… Je leur en veux d’avoir donné une promesse et un espoir qui ne se réalisera pas. Les Français auraient dû rester dans leur coin et aider financièrement ou moralement. Voir qu’ils se retrouvent tout seuls au dernier moment a mis un coup au moral des Ukrainiens alors qu’hier encore, Macron disait qu’il ne resterait pas sans rien faire… »

Comme beaucoup d’autres personnes rassemblées à Orléans, la peur d’une guerre généralisée était également présente dans l’esprit d’Anita : « Connaissant Poutine, il ne s’arrêtera pas, et les sanctions ne feront rien. Poutine, en Ukraine, nous l’avons toujours vu comme un dictateur sans cœur, sans âme, sans pitié, comme un homme qui aime le pouvoir et qui ne compte pas le laisser. On ne sait pas de quoi il est capable, hormis le fait qu’il veut réunir les anciens pays de l’URSS et refaire une puissance mondiale (sic). Dans une optique de guerre froide contre les Américains, il veut être celui qui a le plus de pouvoir et le plus de ressources, et l’Ukraine peut lui en fournir, sur le plan agricole notamment. Pour notre part, ça fait huit ans qu’on ne sait pas ce qu’il veut faire avec nous. Veut-il juste la terre de l’Ukraine ou souhaite-t-il tous nous tuer ? Veut-il juste contrôler un président ukrainien ou diriger le pays ? Et que fera-t-il après cette guerre ? Si les autres pays ne font rien, ne verra-t-il pas cela comme une faiblesse ?… »

« Ukrainiens et Russes, on s’entendait tous bien… »

Bien qu’elle fût partie de son pays il y a plus de onze ans, Anita battait également en brèche les accusations de « génocide » mises sur la table par Vladimir Poutine pour justifier son intervention de jeudi dernier. « Il n’y a jamais eu de problèmes entre les Ukrainiens et les Russes, disait-elle. J’ai eu plein d’amis russes qui sont venus vivre dans ma ville et dans ma classe. On s’entendait tous bien, même si on a toujours eu un peu peur de Poutine et des Russes, parce qu’ils sont imprévisibles. La propagande russe dit qu’il y a eu un génocide, mais c’est faux. Les gens n’ont pas que ça à faire d’attaquer les personnes qui sont pour la Russie (sic). Les personnes qui meurent aujourd’hui sont des Ukrainiens qui défendent l’Ukraine. Poutine a trouvé cela pour se justifier. » La communauté ukrainienne d’Orléans, dont le nombre reste indéterminé – Anita, notre interlocutrice ukrainienne, dit en connaître une vingtaine dans la cité johannique –, va rester mobilisée pour venir en aide comme elle le peut à la population ukrainienne. Peut-être en hébergeant, dans quelques semaines ou quelques mois, des Ukrainiens qui auront dû fuir le pays. Mais aussi en passant par l’association Kalyna – qui dispose d’une antenne en région parisienne – pour envoyer un peu de vêtements ou de nourriture aux populations en souffrance, une fois que les frontières seront rouvertes et que de l’aide humanitaire pourra être apportée. En attendant, les Ukrainiens d’Orléans essayent encore de croire en des jours meilleurs, et forment un vœu simple : « Que la paix revienne au plus vite. »

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