Face à la mobilisation, la majorité veut tenir le choc tout en évitant le moindre propos qui pourrait galvaniser la contestation, qu’elle vienne des syndicats, des partis politiques ou de la rue. La semaine dernière, Gabriel Attal, le ministre des Comptes publics, a fait le déplacement à Olivet pour « vendre » la réforme des retraites à plusieurs interlocuteurs de la société civile. L’occasion de faire de la « pédagogie », selon le mot à la mode, et de rappeler à quel point, selon la majorité, cette réforme ferait œuvre de « justice sociale », dans le sens où elle permet selon elle de « préserver le système de répartition ». À Orléans, Stéphanie Rist, députée de la première circonscription du Loiret et rapporteur de ce projet de réforme des retraites, va logiquement dans ce sens. « Pas étonnée » par la mobilisation de la semaine dernière, l’élue estime qu’il y aujourd’hui « un vrai sujet sur le sens du travail dans la société, on l’a vu récemment avec le mouvement de “grande démission”. Beaucoup de personnes se sentent mal au boulot actuellement ». Et de joindre la preuve par l’exemple : « Moi, des gens qui ont mal au dos, j’en vois tous les lundis en consultation », ajoute la députée, par ailleurs médecin rhumatologue au CHRO. En choisissant cet angle, l’élue aborde la réforme des retraites non par ce qui gratouille (le recul de l’age légal), mais par ce qui chatouille (les avancées en termes de pénibilité). « La philosophie de cette réforme, c’est de dire : on va vous suivre médicalement et personnellement pour que vous arriviez à l’âge de la retraite en meilleure forme et moins cassés, résume Stéphanie Rist (voir encadré). Jusque-là, on faisait de la réparation ; désormais, on veut faire de la prévention et de la reconversion. »
Une réforme toujours « indispensable »
Aborder ce projet de réforme par une face plus consensuelle sera-t-il entendu par l’opinion publique ? En effet, la question du recul de l’âge légal est devenue un « totem », le véritable marqueur de ce texte. Ce point représente d’ailleurs l’atout, pour les syndicats, de fédérer sous une bannière simple et efficace. Même « s’il n’est jamais trop tard pour se parler », comme l’a dit Gabriel Attal, il est peu probable que le Gouvernement lâche cependant du lest sur cette question de l’âge légal. « Par contre, on peut encore améliorer des choses sur la pénibilité et l’emploi des séniors », avance Stéphanie Rist, qui appelle « tous les Français » à la « responsabilité » pour maintenir à flot les « comptes sociaux » d’un système qui a permis de « bien protéger » pendant le Covid. Comme entendu très souvent ces derniers jours, Stéphanie Rist explique aussi que le Gouvernement fait le choix de « défendre le pouvoir d’achat des Français » en reculant certes l’âge de départ à la retraite, mais en faisant aussi le choix de ne pas augmenter le montant des cotisations. « On peut également décider de laisser filer le déficit, mais qui va le combler ? », interroge la députée Renaissance. Des arguments qui lui font toujours dire que cette réforme des retraites reste « indispensable ». Les jours prochains diront si ce texte survivra à une pression populaire, politique et médiatique qui ne devrait pas cesser de monter.