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La Poste, QUESTIONS DE PRÉSENCE

La Poste, QUESTIONS DE PRÉSENCE

Pour rattraper la baisse de recettes liée à la diminution des envois de courrier, le groupe La Poste s’est lancé depuis une dizaine d’années dans une stratégie de diversification qui contribue à proposer à la fois de plus en plus de services de proximité et de démarches numériques. Exemple à Orléans. Benjamin Vasset
Benjamin Vasset
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À quelques jours de Noël, c’est l’effervescence à La Poste. Sur les mois de novembre  et de décembre, le groupe a en effet prévu de gérer la bagatelle de 100 millions de Colissimo, avec un pic estimé à 3 millions de colis livrés chaque jour autour de la mi-décembre. Bref, si le nombre de courriers est en constante diminution depuis une grosse dizaine d’années, la distribution de colis, elle, reste élevée. Au bureau de Poste de Saint-Marceau, l’un des plus importants de la métropole orléanaise, Fabrice Bailly, le directeur de secteur, est passé entre début novembre et début décembre de « un à trois casiers traités par jour » (un casier représente une centaine de colis, ndlr). « C’est la « big » période de l’année, indique-t-il. Depuis le Black Friday, on n’arrête pas. Mais nous sommes, ici, un bureau à colis. »

Facteurs à tout faire

Dans l’agglomération d’Orléans, La Poste recense aujourd’hui 34 points de contacts, dont 20 bureaux de poste, deux agences communales et 12 agences relais. Cela n’empêche pas certains élus locaux de pointer la présence moins forte de ce qu’ils considèrent encore être un service public. Fin novembre, Matthieu Gallois et Dominique Tripet, conseillers départementaux communistes, interpellaient ainsi La Poste pour protester (une nouvelle fois) contre la réduction des horaires du bureau des Blossières ou la fermeture de celui de Chevilly, au nord de la métropole. Si ces élus de gauche se plaignent d’une proximité qui s’étiolerait, on continue, au sein du groupe, d’assurer le contraire, en témoignent selon lui les nouvelles missions dévolues aux facteurs. Car ces derniers, aujourd’hui, ne sont plus seulement là pour glisser une pli dans une boîte aux lettres : ils peuvent désormais livrer des repas à domicile ou s’assurer que la santé de leurs clients âgés est au beau fixe… « Beaucoup de personnes nous disent que les facteurs sont les yeux de leur famille, indique Estelle Tizart, responsable recrutement du groupe La Poste sur la région Centre-Val de Loire. Oui, les missions des facteurs évoluent, ils s’adaptent aux services de la ‘silver économie’. » Mais « le lien social avec les clients reste toujours fort », insiste La Poste, qui met en avant les 35 000 véhicules qui balayent le territoire national six jours sur sept. Cet argument, le groupe le déploie dans ses campagnes de recrutement, tout comme il valorise la « diversité des parcours » en interne et les 96 % de postiers qui bénéficieront d’une formation dans l’entreprise.
L’évolution de La Poste amène effectivement cette dernière à embaucher des profils variés. Chargés de clientèle en physique ou en ligne, conseillers bancaires, commerciaux, ou même… infirmiers santé au travail : « Oui, on recrute ! », fait savoir Estelle Tizart, qui explique qu’en 2022, 190 recrutements ont été effectués dans toute la région Centre-Val de Loire. De profil bac + 2 pour la plupart, ils sont donc venus grossir l’armada hexagonale de l’entreprise, composée de 100 000 postiers et de 3 000 saisonniers sur la période de novembre-décembre. Dans un marché de l’emploi devenu hyperconcurrentiel, quels arguments La Poste déploie-t-elle pour attirer, alors qu’un chargé de clientèle externe ou qu’un facteur sont en moyenne embauchés à 1 800 € brut mensuels ? « La Poste offre des aides au logement, au transport, énonce Estelle Tizart. L’attractivité se fait également par les valeurs de coopération que nous portons, car nous sommes une entreprise à mission. Nous sommes également très engagés sur la parité. Enfin, nous valorisons beaucoup l’alternance et nous recherchons régulièrement des CDD séniors de 1 an à 18 mois qui permettent à des personnes de plus de 57 ans de faire la jonction avec leur retraite. »

Identité numérique et QR Code

Si les « postiers » ont des missions de plus en plus diversifiés sur le terrain au contact des usagers, le groupe est aussi entré dans une stratégie de développement numérique bien dans l’air du temps. Dernier-né de ces nouveaux services mis en place par Docaposte – la filiale du groupe qui héberge aujourd’hui la plupart des données de santé en France, ndlr – : « l’identité numérique », que chaque client peut aujourd’hui créer pour récupérer son Colissimo en bureau de poste. « Il s’agit d’une alternative au retrait classique où l’on présente sa pièce d’identité : on montre son QR Code disponible dans l’application mobile à un conseiller clientèle, on saisit son code secret » et le tour est joué. 1,4 million d’utilisateurs avaient, début décembre, créé leur identité numérique, et ce nombre est appelé à croître de manière exponentielle dans les années à venir, puisque l’identité numérique est d’ores et déjà indispensable pour se connecter à… son compte personnel de formation. « Je pense que cet usage va de développer, avance Fabrice Bailly. Peut-être même qu’à l’avenir, nous aurons besoin de ce service totalement sécurisé pour nous rendre sur des sites marchands. » Ce qui aurait certes l’avantage infime de pouvoir se débarrasser de ces dizaines d’identifiants et mots de passe que nous devons retenir pour acheter une cafetière ou une paire de charentaises. L’inconvénient ? Ces démarches numériques en pleine croissance contribuent selon certains à déshumaniser les échanges quand elles ne finissent pas, au pire, par perdre l’usager dans des va-et-vient sans fin entre mails et applications. Même si pour se simplifier la tâche, assure Fabrice Bailly, on peut se rendre… directement dans un bureau de Poste, où la création d’une identité numérique prendra « deux ou trois minutes ». 

Cette innovation vient cependant rejoindre la pelletée de nouveaux services numériques proposés par La Poste, qui avait déjà lancé plusieurs plateformes pour se faire livrer des produits à domicile, à l’instar de Ma Ville Mon Shopping, sur laquelle « il est possible de commander chez ses commerçants de proximité pour un retrait en click&collect ou une livraison à domicile par le facteur ». Dans un autre ordre d’idées, La Poste met aussi à disposition de ses clients une sorte de gigantesque cloud « un peu plus sécurisé » sur sa plateforme DigiPoste, pour stocker « ses factures ou ses bulletins de paie », par exemple. Bref, l’image d’Épinal du film Bienvenue chez les Ch’tis, où Dany Boon et Kad Merad terminaient leur tournée rincés au jaja et à la goutte, semble complètement
avoir vécu…

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