La crise des carburants que nous vivons actuellement va-t-elle contribuer à ce que les Français se tournent vers le vélo ? Au Département du Loiret, c’est ce que semble penser Hervé Gaurat, vice-président en charge des mobilités, qui voit dans les tensions actuelles le signe qu’un « très fort changement d’habitudes » est demandé. Évidemment, dans dix ans, tous les Loirétains ne se déplaceront pas à biclou, mais le Conseil départemental s’est d’ores et déjà lancé dans la réalisation d’un Schéma directeur cyclable pour améliorer les conditions de circulation à bicyclette. Si la restitution complète d’un « état des lieux de la mobilité » lancé l’an dernier est prévue d’ici à la fin de l’année, plusieurs grandes tendances se dégagent déjà, avec notamment le besoin de réaliser davantage d’aménagements cyclables sécurisés aux abords des collèges : à Orléans, la création d’un Vélobus (voir ci-contre) montre clairement un manque dans ce domaine… Le Département semble aussi se diriger vers un développement du réseau cyclable pour lier ce dernier à des aires de covoiturage et vers des gares, afin de favoriser la « multimodalité », entre vélo et train notamment. Mais les habitants des territoires ruraux, notamment, sont-ils prêts à délaisser (un peu) leur voiture pour se mettre à la bicyclette ? Hervé Gaurat, également maire du Malesherbois, assure que oui : « Les Loirétains disent qu’avec la hausse des prix, ils n’arrivent plus à se déplacer. Or, un vélo à assistance électrique permet de faire sans problème des trajets de 10-15 km. » Encore faut-il pour cela des aménagements réellement sécurisés qui ne donnent pas aux usagers l’impression de risquer leur vie à chaque fois qu’ils mettent une roue dehors. Là encore, la politique départementale dans les années à venir sera de « se concentrer sur des axes demandés » plutôt que de réaliser pour faire vite des bandes peintes délimitant des « espaces partagés », et dont Hervé Gaurat reconnaît lui-même que ce ne sont pas les « meilleurs » équipements. « Pour le moment, chacun travaille un peu de son coin », concède l’élu, qui veut voir le Département jouer un rôle de fédérateur des initiatives locales. Celui-ci a d’ailleurs la volonté de mettre des sous sur la table : « Si une collectivité locale apporte l’emprise foncière qui permettra de réaliser une piste cyclable, le Conseil départemental la financera », affirme Hervé Gaurat.
À vélo Simone
Face à ces promesses, les militants pro-vélo diront que le Département construit en ce moment un pont sur la Loire entre Darvoy et Mardié qui n’incite pas tout à fait les automobilistes à lâcher leur voiture. Le Département rétorquera que ce pont sera équipé d’aménagements cyclables sécurisés… Autre contradiction supposée : le relèvement de la vitesse maximale autorisée des véhicules motorisés à 90 km/h sur le réseau départemental n’est-il pas un mauvais signe envoyé aux cyclistes ? « Attention, on ne remet pas les 90 partout, répond Hervé Gaurat. Et si demain nous devions aménager des pistes cyclables sur des routes à 90, nous le ferions de manière encore plus sécurisée. » Quoi qu’il en soit, l’élu estime qu’il ne faut pas traîner : « Le Loiret n’est pas spécialement en retard sur ce dossier, mais des départements voisins des nôtres, comme l’Essonne et la Seine-et-Marne, ont pris un peu d’avance. Il y a d’ailleurs un problème de continuité quand leurs pistes arrivent chez nous. » Concrètement, une Véloroute est déjà en construction, au sud du Loiret, entre Sully-sur-Loire et l’étang du Puits, à Cerdon, sur une ancienne voie désaffectée.