Alors que la loi du 2 août 2021 vise à renforcer la prévention de la santé au travail, un Forum régional a eu lieu pour la première fois sur le sujet, vendredi dernier, à Orléans. « Nous sommes dans une période de bascule sociétale », a justifié la préfète de Région, Régine Engström. « Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, nous étions dans une logique de réparation, puis de sécurité rajoutée ainsi que d’obligation de moyens. À partir des années 80, une troisième période a fait place à la prévention, avec des objectifs et une approche par les risques, a expliqué Hervé Lanouzière, directeur de l’Institut National du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle. Maintenant, nous arrivons à une quatrième période de prévention, où le travail doit être constructeur de santé. » Un regard nouveau, où la qualité de vie au travail participe notamment de l’attractivité ou, au contraire, du rejet de certains métiers.
Un mort tous les 15 jours
Mais au-delà de ce mouvement sociétal, il y a les chiffres. Et là, « la situation est inquiétante, avec une augmentation des accidents du travail graves et mortels », déplore Pierre Garcia, directeur régional de la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS). Les chiffres pointent en effet une hausse des accidents du travail mortels en région Centre-Val de Loire par rapport au niveau national : l’an dernier, 27 accidents mortels ont été ainsi dénombrés contre 22 l’an passé, soit un mort tous les 15 jours (source CARSAT). 21 592 accidents du travail avec arrêt ont sinon été totalisés l’an dernier en région Centre-Val de Loire, soit 85 accidents par jour et 1,7 million de jours de travail perdus… Si en nombre d’accidents avec arrêt, le commerce et la réparation d’automobile sont en tête devant la construction et les services administratifs, les accidents graves et mortels concernent principalement les industries manufacturières, la construction et le commerce. À noter que les jeunes de moins de 25 ans et les intérimaires sont les plus exposés. « Toute la chaîne hiérarchique doit être mobilisée autour de la prévention, insiste Pierre Garcia. Il faut sensibiliser l’ensemble des salariés. » Afin de prévenir le risque auprès des intérimaires dans la région, les services de santé au travail innovent dans le Loiret en mettant en place une visite d’information prévention collective, avec un questionnaire permettant de rencontrer les personnels les plus à risques.
« Cela coûte, cela fait perdre du temps » : c’est le genre de réflexion que l’on peut (trop) souvent entendre, dans les entreprises au sujet de la prévention. Cependant, pour Virginie Renard, directrice Prévention et Performance au niveau de l’organisme paritaire OPPBTP, « plusieurs études montrent, au contraire, qu’il y a une corrélation entre la prévention et la performance économique des entreprises. Sans compter que cela joue sur leur image ». Une étude du ministère du Travail, datée de 2020, montre d’ailleurs que l’investissement des entreprises dans la santé et la sécurité de leurs employés est un bon indicateur de leur santé économique. De quoi augurer peut-être certains changements ?