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Les ailes coupées par la crise, ce pilote de ligne a rebondi

Les ailes coupées par la crise, ce pilote de ligne a rebondi

Il fait partie des nombreuses victimes collatérales de la Covid-19 : ancien pilote de ligne, Jean-Baptiste Golzio a dû, malgré lui, faire le choix difficile de la reconversion professionnelle. Itinéraire d’un Orléanais passionné et passionnant, qui s’est spécialisé depuis cette année dans la… confection de meubles.
Hugo De Tullio
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Un chemin semé d’embûches, et la preuve que, malgré la crise et le(s) confinement(s), il est toujours envisageable de rebondir dans la vie. Le parcours de Jean-Baptiste Golzio, Orléanais de 34 ans, est assez exceptionnel. En ces temps troublés, où la crainte se rajoute à l’incertitude, nous avions envie de vous le raconter, car il peut, souhaitons-le, donner de l’espoir à ceux qui en manquent cruellement aujourd’hui…

Pour bien comprendre la trajectoire de ce Lyonnais d’origine, il faut remonter quelques années en arrière. Après une scolarité passée notamment à Turin, en Italie, Jean-Baptiste Golzio débarque à Orléans, au lycée Benjamin-Franklin, pour y suivre une filière STI (Sciences et Technologies Industrielles) génie civil. Mais sa passion pour l’aéronautique a déjà commencé bien avant, dès l’âge de 9 ans : « nous étions partis au Mexique avec ma famille rendre visite à mon oncle, et voir le Concorde en escale à New York m’avait beaucoup impressionné », explique-t-il aujourd’hui. C’est à 18 ans que démarre cependant véritablement son histoire d’amour avec les avions, quand il passe le Brevet d’initiation aéronautique. Un milieu qui semblait pourtant « étranger » à ce fils d’une famille de quatre enfants, dans laquelle personne ne pratiquait l’aviation. Jean-Baptiste se souvient : « dès le premier vol, ça a été un coup de foudre. Je me suis alors inscrit pour en faire plus régulièrement », entendez à
l’aéroclub d’Orléans.

À 20 ans, Jean-Baptiste vise plus haut et passe la PPL, la licence de pilote privée. Au programme : 45 heures de vol. « Piloter des petits avions est devenu un but à atteindre », assure-t-il aujourd’hui, même si à l’époque, il a conscience de ses difficultés dans les matières scientifiques, en atteste un redoublement en Première S. Qu’importe : il passe alors de nombreux tests, par l’intermédiaire de l’armée, durant une semaine entière, et même s’il n’est pas sélectionné, « un déclic » s’opère chez lui : « je me suis rendu compte que je n’étais pas inadapté dans ce domaine, que j’avais des compétences et que ce n’était pas insurmontable ». Le jeune aviateur voit alors grand et plus loin : pilote il veut être, pilote il sera.

Un trajet jonché d’obstacles

Après un DUT génie civil à La Rochelle et une licence professionnelle à Paris en management de la conduite de travaux, Jean-Baptiste Golzio prend alors le tournant de sa vie et choisit de suivre une formation de pilote de ligne sur deux ans, près d’Orly, et à Nîmes. 14 épreuves théoriques et d’innombrables heures de pratique plus tard, il ressort diplômé… et toujours aussi modeste : « il y a toujours le mythe du pilote, excellent en maths et en physique, mais non : un pilote reste un technicien qui applique des méthodes mais ne connaît pas tout de son avion ».

Nous sommes alors en 2011, et trouver un poste de pilote de ligne s’avère compliqué pour diverses raisons : la plupart des compagnies demandent beaucoup d’expérience avant d’embaucher, et Jean-Baptiste n’en a pas assez. Sans jamais baisser les bras, le jeune homme ajoute une corde à son arc en suivant pourtant une formation de deux mois afin d’être qualifié sur le prestigieux Airbus A320. Il opte également pour des boulots en lien avec l’aérien : instructeur sur simulateur de vol pour grand public, agent au sol, formateur pour aider les gens à affronter leurs peurs de l’avion sont autant de lignes ajoutées à son CV.

La liquidation, puis la Covid…

Cela dure pendant cinq ans. Son rêve devient enfin réalité en 2017, quand Aigle Azur l’embauche comme pilote. « C’est le grand tournant dans ma vie », raconte-t-il aujourd’hui, soulignant « un métier très humain » et une expérience « incroyable ». Mais après des vols qui le mènent en Algérie, au Liban ou au Portugal, le rêve est finalement de courte durée : deux ans plus tard, la compagnie aérienne française fait banqueroute, et est déclarée en liquidation judiciaire en octobre 2019. Retour à la case départ, ou presque, pour le trentenaire, fraîchement licencié.

Au début de l’année 2020, alors qu’il essaye de se faire embaucher chez Air France depuis plusieurs mois, la Covid débarque et fait des ravages : les avions restent cloués au sol, les pilotes ne peuvent plus travailler. Pendant le confinement, Jean-Baptiste Golzio, victime collatérale de la crise sanitaire et économique, ressent « beaucoup d’appréhension ». Il voit tous ses collègues chercher à se reconvertir petit à petit. Lui aussi doit rebondir et se faire une raison, car ses droits au chômage s’arrêtent à la fin de l’année 2020… « J’ai un passif qui fait que je sais ce que c’est que de galérer dans ce milieu-là, mais je ne perds pas espoir, car je suis de nature positive ».

Une Matière Brute…

La preuve par les actes, car de ce bouleversement a émergé La Matière Brute, la nouvelle micro-entreprise qu’est en train de monter Jean-Baptiste, et qui verra le jour début 2021. Venant tout juste d’être papa, il a en effet créé son atelier pour fabriquer toutes sortes de meubles à des particuliers. Du sur-mesure et du 100 % fait main, avec trois matières spécifiques : l’acier, le bois et le béton. L’ancien salarié d’Aigle Azur a déjà plusieurs commandes en cours, et compte sur le bouche-à-oreille pour que son projet fonctionne. Néanmoins, il ne tire pas un trait sur sa vocation, et espère retrouver un poste de pilotage d’ici deux à trois ans. Un trajet bel et bien jonché d’obstacles, mais loin d’être terminé.

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