Même en orbite, Thomas Pesquet arrive à faire des expositions : quel talent ! Le célèbre et médiatique astronaute, actuellement à bord de l’ISS a, il est vrai, plus d’une corde à son arc. Lors de son premier voyage dans l’espace, il avait pris pas moins de 5 000 photos de notre bonne vieille Terre. Il aurait été dommage de laisser tout cela moisir sur une clé USB : il y a donc d’abord eu un bouquin du genre massif, mais aussi la conception d’une exposition interactive mettant en scène dix de ses clichés réalisés entre le 17 novembre 2016 et le 2 juin 2017. Dix photos qui représentent « un intérêt scientifique spécifique », et dont l’objectif est « de mettre en valeur des thématiques telles que le réchauffement climatique, l’empreinte de l’Homme sur la planète ou encore l’astronautique ».
L’Hôtel du Département du Loiret accueille en cette rentrée scolaire ces dix images de la Terre vue des cieux. Parmi celles qui feront frissonner même le plus irréductible des climato-sceptiques, une photo de la grande barrière de Corail, au large de l’Australie, dont plus de 30 % des éléments sont morts depuis 2016. Un trésor terrestre, vieux de plus de 18 millions d’année, qui est l’une des premières victimes de l’augmentation de la température des eaux. Le visiteur sera également songeur devant cette vision très en hauteur d’une mine de cuivre abandonnée en Mauritanie laquelle, entre 1969 et 1978, produisit jusqu’à 15 000 tonnes de cette matière… chaque jour. L’exploitation des ressources terrestres par l’Homme jusqu’à en dégueuler, c’est un peu, aussi, la réflexion qui pointe en découvrant une zone d’agriculture extensive construite en plein désert de Sonora, au Mexique, où la température moyenne peut grimper jusqu’à 42°C en été… Il y a aussi, dans ces photos présentées, des coups de cœur et des coups au cœur, à l’instar de ces aurores polaires d’Europe du Nord dont on comprend qu’ils sont le résultat d’un incroyable enchaînement physique.
Et pour nous, petits Français perdus dans ce monde immense, deux images de Paris et du Mont-Saint-Michel nous renvoient à nos spécificités et à nos contradictions ; d’abord en s’étonnant de la folle densité de population qui semble étouffer Paris et ses couronnes, ensuite en admirant ce petit bout de Manche, entre Normandie et Bretagne, qui se trouve placé au centre des forces de gravité et d’inertie de la Lune, du Soleil et de la Terre. C’est toujours en haut des grandes échelles que l’on se sent très fragile, et l’exposition de Thomas Pesquet aura probablement pour mérite de nous faire (re)prendre conscience de cette vérité nue. Outre les dix images présentées, une interaction est possible grâce à une application Android qui « permettra à chacun d’approfondir la ou les thématiques qu’il souhaite ».