En 2019, le taux de fraude sur le réseau de transports métropolitain était de 8 %. Il atteint aujourd’hui 10,6 %. Même si ce constat est partagé sur l’ensemble des réseaux urbains français, « c’est insupportable pour la collectivité qui finance, pour les voyageurs qui sont en règle et pour les salariés de Keolis qui ne sont pas respectés dans leur travail », s’indigne Romain Roy, vice-président de la Métropole en charge des transports, qui rappelle que le transport est le premier budget de l’intercommunalité et que la fraude représente un trou financier de 2 M€.
Même si la Métropole fait à la chasse à tous les fraudeurs, il existe une « typologie » de la fraude : les 26-34 ans sont ainsi les plus représentés, très loin devant les 60 ans et plus. La fraude est aussi majoritairement masculine (6,4 % des femmes contre 14,9 % des hommes) et concerne davantage le tram (11,1 % contre 9,9 % au niveau du bus). Autre élément qui alerte : le taux de fraude par fréquence d’utilisation est en train de se modifier. En effet, les voyageurs fraudant au quotidien ne représentaient que 5,6 % en 2019. Aujourd’hui, leur nombre a presque doublé (9,7 %), au contraire de la fraude occasionnelle, qui tend plutôt à diminuer. Une pente glissante qui motive la Métropole dans sa politique de « chasse » aux fraudeurs.
Plus d’agents anti-fraude
Afin d’afficher la couleur, une campagne de communication rappelant le montant de l’amende de 122 € est déjà en place depuis quinze jours dans les bus et trams. Mais surtout, depuis une semaine, une opération de contrôle massif a été mise en place par Keolis et mobilise 80 agents. Des agents formés qui, au passage, ne sont pas tous des contrôleurs (les contrôleurs sont néanmoins présents à proximité, ndlr). « Nous comptons réitérer régulièrement ces opérations », prévient Antoine Lequeux, le directeur de Keolis Orléans. Par ailleurs, les effectifs de contrôleurs vont être renforcés de deux ou trois postes, début 2023, afin d’atteindre la trentaine d’agents dédiés, tandis qu’une nouvelle billettique doit commencer à être installée fin 2023. L’objectif est qu’en 2024, avec l’open payment (la carte bancaire « servira » de titre de transport), les fraudeurs n’aient plus aucune excuse. En attendant, les contrôleurs utilisent l’application Fraud Tracker afin de cibler les lignes et horaires et être plus efficaces. D’ailleurs, sur les douze derniers mois, 1 980 clients en situation de fraude ont pris un abonnement suite à un contrôle !
« On ne lutte pas seulement contre la fraude mais également contre les incivilités, rappelle de son côté Florent Montillot, vice-président de la Métropole en charge de la Police Municipale Intercommunale des Transports. Dernièrement, il y a ainsi eu des agressions dans les bus et trams. L’intervention de la police intercommunale des transports, avec renfort des forces de police ou de gendarmerie, est systématique. De plus, lutter contre la fraude, ce n’est pas uniquement combattre une perte financière. Les études le prouvent : c’est aussi prévenir le risque de délinquance. »