C’est un très joli nom de la chanson française qui se produit ce jeudi soir sur la scène de l’espace Montission de Saint-Jean-le-Blanc. Katerine Gierak, alias Mademoiselle K, « ouvre » en effet une série de concerts by O’Tempo, en lien avec le festival éponyme. Une artiste rare, qui a aujourd’hui « la sensation d’arriver au bout de quelque chose, nous confie-t-elle. Après mes trois premiers albums, j’avais remanié une partie du groupe et j’étais passée en indé avec mon label Kravache et là, avec Mademoiselle K (son dernier disque sorti l’an dernier), c’est un autre cycle de trois albums qui s’achève. C’était ma deuxième campagne de crowdfunding et la nouveauté est de l’avoir présenté en précommande, il n’était donc pas disponible en boutique ». L’album en question a été financé en grande partie grâce aux internautes qui se languissaient du retour de la rockeuse. Considérant l’énergie à déployer pour sortir un album en indépendante, il valait mieux que les chansons en valent vraiment la peine, et le Covid a contribué à donner le temps nécessaire à l’artiste pour accoucher d’un album intime, mature et abouti. « J’adore les temps suspendus, poursuit-elle. On est imprégné de quelque chose et en faire une œuvre nous invite à passer du temps dessus. Créer, c’est avoir le courage de prendre ce temps-là. » Parmi les titres de l’album, Garçon bleu évoque un garçon imaginaire, celui que l’on veut garder pour toujours avec soi, celui qui ne trahit pas. Gratin de tendresse parle du vivre-ensemble. Une fois l’œuvre terminée, la même question revient souvent : que faire désormais ? Là-dessus, Katerine y voit un peu plus clair… Il se pourrait d’ailleurs que ce soit le dernier album de Mademoiselle K, l’artiste envisageant de continuer à créer mais d’aller vers autre chose, sentant une sensibilité pour les arts plastiques s’épanouir en elle, mais toujours profondément amoureuse des mots et de la musique. « Avec le titre Pour aller mieux, sur mon précédent album, je créais déjà un objet qui était plus qu’une chanson (ndlr : on y entend des gens discuter). Je tends vers le collectif, aussi. »
Cette fin de cycle coïncide pour Katerine avec le cap de la quarantaine qu’on sait ne pas être anodin, surtout pour les femmes, dans le milieu artistique. L’autrice, compositrice et interprète, déplore ainsi un « no woman’s land » pour les femmes entre 40 et 60 ans, un âge où l’on n’est plus « bankable » (rentable), où toutes les plus jeunes débarquent. Elle s’interroge d’ailleurs sur la question dans le titre Chloroforme. « Dinosaure » selon ses propres dires, elle est pourtant toujours moderne et connectée aux jeunes générations. Le business évolue, mais Katerine n’est pas nostalgique : « Ce qui est intéressant, c’est de revenir à une dématérialisation de la musique grâce au streaming, dit-elle. Les sons, les vibrations, font quelque chose d’évanescent. » Mais le plus gros changement, c’est la présence de l’ordinateur, certains plateaux étant vides d’instruments acoustiques. Mademoiselle K « kiffe » d’ailleurs brancher un ampli et entendre les sons qui grattent l’oreille. « Faire de la musique autrement, pourquoi pas ? », conclut-elle, curieuse.