À vrai dire, plus personne n’en doutait vraiment : après le conseil métropolitain du 9 octobre dernier au cours duquel il avait été mis en minorité sur deux délibérations portant sur des transferts de compétence, Christophe Chaillou pouvait difficilement poursuivre ses missions à la tête de l’intercommunalité orléanaise, à moins d’engager un bras de fer qui aurait probablement conduit au refus du budget 2022 et donc à la mise sous tutelle de la Métropole… Pas question d’en arriver là pour le président socialiste, qui a donc préféré jeter l’éponge. « Je ne veux pas de guerre de tranchées », a-t-il déclaré le 27 octobre, jour de sa démission. Le maire de Saint-Jean-de-la-Ruelle a surtout bien compris qu’il était désormais pris en tenaille entre son collègue d’Olivet, Matthieu Schlesinger, qui s’oppose à lui depuis juillet 2020, et le maire d’Orléans, Serge Grouard, qui l’avait pourtant « fait roi » il y a un an et demi. Des divergences de fond et de forme ont visiblement acté le divorce entre les deux ex-meilleurs ennemis de gauche et de droite, Christophe Chaillou et Serge Grouard, dont l’accord léonin de juillet 2020 aura donc fait long feu. « Orléans et son maire veulent reprendre la Métropole, a estimé Christophe Chaillou. Il y a chez Serge Grouard l’envie de dire : “Je ne veux plus partager le pouvoir.” Tout ça sur fond d’a priori, avec des critiques largement exagérées, quand il est par exemple dit que les dossiers n’avancent pas. »
En deux temps
Aujourd’hui plus que jamais, Serge Grouard est donc au centre du puzzle métropolitain, dans une position de maître du jeu qui le contraint cependant à se dévoiler. Le 9 novembre prochain, jour où sera réuni le prochain conseil métropolitain, il devrait donc, à moins d’un nouveau coup de tonnerre en coulisses, être élu à la présidence de la Métropole. Pas certain que la perspective l’enchante le matin quand il se rase, tant le maire de la ville-centre a déjà fait part publiquement de son peu de goût pour la chose métropolitaine, qu’il considère comme une strate pesante, difficile à faire bouger, puisqu’il faut se faire mettre d’accord les 22 « pingouins » (selon ses mots) qui gèrent les destinées de leurs communes respectives… Entre son mandat de maire d’Orléans et sa participation active à la campagne de Michel Barnier en vue de la présidentielle, voire ses activités médiatiques, Serge Grouard aura également du mal à tout mener de front. C’est (aussi) pour cette raison qu’une présidence déléguée pourrait échoir à Matthieu Schlesinger, qui pourrait reprendre la présidence (complète) de la Métropole dans quelques mois. Mais tout cela est encore de la politique-fiction, et il y aura en attendant de lourds sujets à trancher pour les élus métropolitains d’ici la fin de l’année, notamment la hausse de la taxe foncière et du Versement Transports, que Christophe Chaillou avait proposées en septembre pour dégager des capacités d’investissement. La droite au pouvoir poursuivra-t-elle dans cette voie ? Politiquement, on a du mal à l’imaginer. Ce chamboule-tout à la tête de la Métropole permettra-t-il cependant à celle-ci de regagner en sérénité ? C’est possible, mais cette crise laissera des traces : s’il dit avoir aujourd’hui en tête l’intérêt collectif, Christophe Chaillou ne cache pas « une profonde amertume » par rapport aux derniers épisodes. « Je vais retrouver ma liberté de parole », prévient-il déjà, assurant de ne pas être « pour le moment, dans un état d’esprit de revanche ». À moins que cela ne soit sur d’autres terrains de jeux.