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Orléans : les accompagnantes périnatales, de plus en plus présentes pour soutenir les futurs parents

Orléans : les accompagnantes périnatales, de plus en plus présentes pour soutenir les futurs parents

Les « accompagnantes périnatales », également appelées « doulas », conseillent, soutiennent et écoutent les couples de leur désir d’enfant jusqu’aux premiers mois de bébé. Depuis la pandémie, on en recense de plus en plus dans l’Orléanais.
Ambre Blanes
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Lors de sa grossesse, la future  mère est extrêmement surveillée par le corps médical et chouchoutée par son entourage mais, une fois l’accouchement passé, le bébé requiert toute l’attention. La maman peut alors parfois se sentir délaissée tandis qu’elle fait face à une chute d’hormones et au stress de l’adaptation. Dans une société où les familles sont souvent géographiquement éclatées, la jeune mère ne peut aussi pas toujours compter sur ses proches, voire sur son conjoint (le « baby clash » révèle l’apparition de tensions ou conflits au sein du couple et peut mener à la rupture lors de la première année du nourrisson, ndlr). 

Pourtant, une naissance, ce n’est pas seulement accueillir un bébé, c’est faire naître toute une famille : il apparaît donc essentiel de s’entourer de compétences qui aideront au mieux les parents. Aujourd’hui, il existe toute une chaîne de professionnels dont la maman peut s’entourer pour être aidée : des consultants en allaitement, des ostéopathes (pour un frein de langue, par exemple, si bébé ne tète pas bien), des kinés, mais aussi d’autres pratiques qui participent de l’accompagnement périnatal d’une maman et d’une famille. À Orléans, Julia Fragner, sophrologue et maître reiki, a par exemple choisi d’accompagner les femmes en ajoutant une corde à son arc : les huiles essentielles, vecteur de bien-être et utiles comme réponse naturelle aux bobos du quotidien du type rhume ou allergie. Laëtitia Lecomte, infirmière en réanimation néonatale, est aussi « praticienne thérapeutique bain bébé® », une pratique qui consiste à replonger le nourrisson dans ses mémoires émotionnelles fœtales en lui permettant de réparer le « souvenir traumatisant de la naissance », ou de cicatriser et de se reconstruire, après une césarienne par exemple. L’association Ateliers Chrysalide propose pour sa part différents types d’ateliers : portage de bébé, d’hygiène lavable ou encore de communication gestuelle associée à la parole, Signes2Mains®.

Un travail pour
« refermer le corps »

Depuis quelques années, une dénomination est également apparue pour aider les mamans dans leurs questionnements : l’accompagnatrice périnatale, ou « doula », veille sur la future mère avant, pendant et après la naissance du petit, en l’accompagnant physiquement, psychologiquement et émotionnellement avec des conseils, des massages relaxants, des soins bien-être et beaucoup d’écoute… La PMA, la grossesse difficile, l’interruption de grossesse (volontaire ou non) sont autant d’événements pour lesquels une accompagnatrice périnatale sera précieuse. Marion constate qu’il y a un vrai désert médical autour des arrêts de grossesse, précoce ou non, sur les informations délivrées à la femme, alors qu’il y a un travail tant physique qu’émotionnel à faire pour « refermer le corps ». Être « doula », c’est « avant tout une histoire de rencontre et d’amour », disent les intéressées, qui sont en général multitâches et interviennent en soutien du corps médical. La « doula » accompagne dans la découverte de bébé et la gestion des émotions, et peut aussi gérer le premier enfant pendant que la femme accouche….

Nombre de « doulas » ont commencé leur carrière dans le milieu infirmier, comme Aurore Lesage : « Pourtant, explique cette dernière, c’est plutôt mon expérience d’assistante maternelle agréée et mon rôle de maman qui m’ont conduite à ce que je fais aujourd’hui. » Avec Souffle de bien naître, elle procure un accompagnement périnatal individuel de la mère, organise des « cafés doulas » (des rencontres mères et futures mères), des « rituels de placenta » ou des « cérémonies du cacao ». Selon elle, le sujet de l’accompagnement périnatal est véritablement pris en compte depuis 2010, y compris dans les PMI (Protection Maternelle et Infantile, des structures départementales), mais les doulas se heurtent encore à une forme de défiance, voire d’hostilité. « Dernièrement, j’ai accompagné une maman jusqu’aux portes de la maternité, raconte Aurore Lesage. Nous ne sommes pas les bienvenues à l’intérieur, mais j’ai pu rentrer par la suite en tant que prestataire, lui apporter des gourmandises et lui faire un serrage de bassin avec le massage rebozo*. » Il existe bien un pôle mère/enfant au CHRO (02 38 74 41 90), mais ce dernier est très médicalisé, ce qui n’est pas toujours ce que recherchent les jeunes parents. Les jeunes mères n’osent en effet pas toujours « déranger » leur sage-femme, de crainte que leurs douleurs ou leur « mal de mère » ne requièrent pas suffisamment d’attention. À l’hôpital, il y a bien une infirmière référente spécialisée dans l’allaitement, mais elle est seule pour toute la maternité. 

Les services proposées par les « doulas » sont variés et parfois complémentaires. Aline Michaud travaille par exemple beaucoup autour de la musique, avec le chant prénatal, l’atelier d’éveil aux émotions et le bien-être pour bébé. Marion Droguet se centre, elle, plutôt autour du corps de la femme et de l’hypnose natale (visualisation positive autour de la naissance et de sa capacité à être confiante). Ensemble, ces deux femmes ont d’ailleurs créé Doulas Les Douces, avec pour objectif de remettre le curseur sur la personne qui porte la vie. « Nous souhaitons permettre aux mères de cheminer librement, notre pratique se base sur leurs besoins, précisent-elles. Elle est respectueuse de la communauté LGBTQ+ et il n’y a aucune connotation spirituelle ni religieuse : nous pratiquons un accueil inconditionnel. »

Une formation encore en friche

Contrairement à la Belgique, la Suisse ou encore le Canada, le métier d’accompagnante périnatale n’est pas reconnu en France, et aucune formation officielle n’existe. Les MOOCs (des formations en ligne pour un large public) et l’expérience en sont les fondations. Pourtant, les « doulas » sont de plus en plus nombreuses dans la région. « Ça ne veut pas forcément dire qu’il y a plus de besoin qu’auparavant côté maman, estime Aurore Lesage, mais il y a certainement une prise de conscience post-Covid chez les soignants de leur capacité à être utiles en dehors des murs de l’établissement hospitalier. On ne peut nier l’effet de mode, mais c’est tant mieux si cela permet à plus de femmes de mieux vivre leur maternité. » Aurore Lesage pense toutefois qu’une validation des acquis serait toutefois bien utile. Car sans « doulas », l’aide à la maternité s’arrêterait à un ventre bien rempli, expliquent ces accompagnantes.

* Un massage de relaxation fait à l’aide d’un châle pour favoriser l’ouverture des hanches et la conscience du périnée d’une jeune maman ou soulager des douleurs articulaires liées à l’accouchement. 

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