Grâce à sa mère, très active dans une chorale locale, Adonis Moun a très vite pratiqué le chant. Son père, lui, le pressait pour qu’il soit sérieux à l’école. « J’ai compris très tôt que je devais négocier, sourit aujourd’hui l’intéressé. Très bien travailler à l’école pour avoir le droit de faire de la musique ! » Ainsi, lorsqu’il obtient son bac, Adonis passe l’été 2007 en studio pour y enregistrer une dizaine de titres, entièrement écrits et composés par ses soins. De ce premier album, il en tire une notoriété inattendue. « Ça a très vite été médiatisé, au-delà de mes attentes, via toutes les chaînes de télé et de radio du coin », explique le chanteur, qui se retrouve à occuper de nombreuses scènes béninoises. « Lors de ces années, j’étais très connu dans mon pays. Mais le Bénin est un petit territoire : j’en ai vite fait le tour… » Il faut dire qu’Adonis a grandi au son des vinyles de Brassens et d’Aznavour, que son père collectionnait. Malgré sa maîtrise de lettres en poche, qui lui a permis d’officier une année comme professeur de français (et de solfège) vacataire dans son pays, il a toujours envisagé la musique de façon professionnelle. Ainsi, après en avoir fini avec le périmètre national, il décide de partir pour Paris, qui symbolisait son rêve d’écriture, avec un objectif en tête : « Je m’amusais à dire que je ferais l’Olympia en 2025… Je me donnais une dizaine d’années pour y arriver. »
L’arrivée sur le sol français est cependant plus compliquée que prévu puisque, à défaut de scènes, des difficultés de logement affluent, sa priorité étant d’abord de subvenir à ses besoins. Une fois son installation arrangée, il intègre en 2012 une école, La Manufacture Chanson, toujours dans l’optique de se perfectionner. Il y assiste à des ateliers de paroliers avec des artistes professionnels. Dans la foulée, il rencontre un premier label parisien, avec lequel il signe. « Signer, ça ne voulait pas dire que c’était gagné. Le plus dur, c’est d’atteindre un public. Sauf que je confiais tout mon travail au regard d’un autre, qui arrangeait les morceaux. Et j’avais du mal à me reconnaître dans la version finale… » Après un an de travail infructueux (et dix chansons, quand même), la collaboration s’arrête donc là. Adonis reprend son « parcours de solitude », avec le besoin de se retrouver et de poursuivre son processus de maturation musicale. Il pense alors faire ses valises pour rentrer au Bénin. Mais de nouveau, la vie pousse l’artiste sur un autre chemin, puisque l’amour lui tombe dessus. Resté finalement à Paris, il accueille avec sa compagne un petit garçon, et le couple se met en quête d’une ville proche, à taille humaine. Ce sera Orléans, juste avant l’entrée en maternelle du petit. Pendant les six premiers mois, Adonis poursuit ses allers-retours vers Paris, où il a un travail « alimentaire » qui lui laisse cependant l’autonomie, le temps et l’espace mental pour penser à sa musique. Plus tard, employé puis gérant du salon de thé Artizanes (aujourd’hui Ex-Libris) rue Royale, il renoue avec sa sensibilité artistique : « J’ai voulu en faire un lieu où je pouvais accueillir des rencontres musicales. Le lieu et la clientèle inspiraient surtout du classique ou de l’acoustique. Mais j’ai été pris à mon propre jeu : je finissais généralement par rejoindre les invités et chanter avec eux ! »
Concert sous bulle !
Le premier confinement le ramène finalement à sa musique. En décembre 2020, il sort un nouvel album, autoproduit mais pas seul : grâce à une campagne de financement participatif, il vend 200 albums avant d’enregistrer la première note ! L’album s’ouvre sur le titre Le Tour du monde, auquel Adonis a prêté un sens humaniste. D’ailleurs, le chanteur, qui a vu en cette année 2021 s’annuler une série de concerts programmés, a eu l’idée de se déplacer chez les gens, au cœur même des familles, protégé par ce qu’il appelle une « capote musicale » (une bulle de déambulation, voir photo). « Le son est un tout petit peu déformé, dit-il, mais elle permet le contact visuel et émotionnel ». C’est déjà ça de pris !
Plus d’informations sur www.adonis.fm, Instagram et Facebook.