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Chantal Pichon ARN messagère
Portrait

Chantal Pichon ARN messagère

Chantal Pichon est la preuve vivante que la recherche sur l'ARN messager ne date pas d'hier : depuis plus de quinze ans, cette enseignante-chercheuse du CNRS et de l'université d'Orléans travaille sur l’utilisation thérapeutique de cette molécule dont l’humanité est en train de découvrir les effets dans le cadre de la lutte contre la Covid-19.
G.M
Chantal Pichon
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Quand on cite Pierre et Marie Curie en parlant d’elle et de son époux, elle rougit et minimise la comparaison : Chantal Pichon, l’une des meilleures spécialistes de l’ARN messager en France, est plus fière des contrats de recherche décrochés par les jeunes chercheurs de son laboratoire que des lauriers qu’on veut lui tresser depuis la pandémie. D’ailleurs, ses étudiants de licence lui ont écrit des lettres pour lui témoigner leur fierté de l’avoir comme professeure. Et ces attentions l’ont, dit-elle, beaucoup touchée. Il faut dire que cette Franco-malgache croit dur comme fer à la transmission et au partage des connaissances. Ayant grandi à Madagascar, elle s’est ensuite lancée dans des études de biologie et de biochimie à Marseille. « J’ai adoré, raconte-t-elle. J’avais une professeure qui était mon modèle. Je voulais être comme elle… » 

Pendant toutes ses études, Chantal Pichon a cependant dû travailler. « J’ai été à l’accueil dans des hôtels, j’ai tenu un magasin La Vie Claire pendant les vacances d’été… et je gardais, aussi, le week-end, des personnes âgées, précise-t-elle. J’ai trouvé ces expériences formatrices, car tout travail est important. Et en plus, cela me permet aujourd’hui de comprendre mes étudiants salariés. C’est difficile de travailler en même temps que de faire des études : il faut garder son objectif en tête et ne pas écouter les bruits de fond. » Ayant pour sa part obtenu sa thèse en 1991, elle est partie après son doctorat à Cambridge, pendant deux ans. « On m’y a fait rencontrer deux prix Nobel, dont François Jacob* », souligne-t-elle. D’ailleurs, parmi ses modèles en matière de recherche, il y a aussi la biochimiste hongroise Katalin Kariko**, spécialiste de l’ARN messager et vice-présidente de BioNTech, qui lui a d’ailleurs écrit une lettre l’ayant « boostée » quand il était plus difficile de trouver des financements pour ses recherches. 

« L’État a fait beaucoup »

Au début des années 2000, les chercheurs à s’intéresser à l’ARN messager étaient en effet peu nombreux. « Nous n’étions pas pris au sérieux », déclara d’ailleurs Chantal Pichon, en mai dernier, au micro de France Culture. « Or, de mon côté, j’y croyais beaucoup, continue-t-elle. J’ai eu la chance d’avoir un financement européen avec un partenaire suisse, cela m’a permis de travailler. »** De plus, depuis la mise en place du Conseil de l’innovation en 2018, un focus sur les biomédicaments a été opéré, et des experts, dont Chantal Pichon, ont été identifiés. « On ne le sait pas forcément, mais l’État a fait beaucoup, dit la chercheuse orléanaise. Les recherches sur l’ARN messager ne datent certes pas d’hier, mais depuis trois ans et le début de la crise sanitaire, on a mis les moyens. D’habitude, les phases s’enchaînent les unes après les autres ; là tout a été fait en même temps, ce qui coûte une fortune. »  

C’est à Orléans que Chantal Pichon a pu travailler sur cette molécule considérée comme l’arme numéro un contre le Covid-19. Il y a 25 ans, de retour de sa thèse à Cambridge, elle débarqua en effet dans le Loiret car elle trouvait alors la vie marseillaise trop bruyante…. Elle se laissa immédiatement séduire par la cité johannique. « Quand je suis venue pour la première fois dans la rue Royale, j’ai beaucoup aimé : ce n’était pas trop vaste, il y avait le pont avec la Loire et cette vue magnifique sur la cathédrale… », se souvient-elle. Rejoignant le Centre de biophysique moléculaire du CNRS – sous la direction du professeur Michel Monsigny –, elle devint aussi maître de conférence à l’université d’Orléans en 1994. Depuis, elle y a mené ses recherches tout en enseignant à des étudiants de licence et de masters.

Un vaccin contre le cancer

Même si elle avoue avoir été sollicitée depuis le début de la pandémie, Chantal Pichon n’a, aujourd’hui, pas envie de quitter le Loiret. Elle y est d’ailleurs bien occupée, puisque l’équipe qu’elle dirige a des recherches sur le feu concernant un vaccin contre le cancer, mais aussi des études à mener sur le développement de l’ARN messager. « L’un de mes jeunes chercheurs souhaite l’utiliser dans le cadre de la régénération osseuse », explique-t-elle ainsi. Trouver une alternative pour faire baisser les coûts actuels de production de la molécule fait aussi partie de ses réflexions, car Chantal Pichon sait que l’argent reste le nerf de la guerre pour rendre accessibles les nouvelles thérapies. Le combat ne fait que commencer.

* Prix Nobel de médecine en 1965,
décédé en 2013.

** Elle aura également un financement régional avec le programme ARD 2020 biomédicaments.  

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