Cet entretien aurait pu tourner en eau de boudin : d’emblée, monsieur Goudiaby ne veut nous révéler ni son prénom, ni son âge. Pas simple, pour écrire un portrait… Explication de l’intéressé : « c’est une sorte de protection par rapport à mon statut de rappeur. On a un travail assez spécial, dans lequel si vous donnez votre âge, et que vous êtes trop vieux, on essaye de vous mettre sur le côté ». Loin de nous l’idée de laisser G. Goudiaby sur le banc des remplaçants, mais bien de le placer sous le feu des projecteurs… Restons toutefois modeste, car l’Orléanais ne semble pas avoir besoin de nous pour se faire connaître : après un passage scolaire à Fleury-les-Aubrais, G. Goudiaby arrête les études dès la 4e pour entamer un CAP de couvreur : « je me suis émancipé à 15 ans, j’ai travaillé très tôt en faisant des petits boulots par-ci, par-là ». Pas évident, d’ailleurs, de retracer le parcours de cet homme, car comme il le dit lui-même : « j’ai fait tellement de choses dans ma vie qu’au niveau des dates, c’est compliqué… » Pour la chronologie des faits, on repassera…
Habitant à Saran et actuellement livreur de journaux pour La Rep’ depuis quelques mois, G. Goudiaby confesse avoir voulu faire de la musique dès son plus jeune âge : « je me suis toujours présenté en tant qu’artiste éclectique. » Sa passion avec le quatrième art démarre en 2007, quand il crée le collectif Manigance 45. Ce qui lui permet de multiplier les expériences artistiques et scéniques, mais aussi les featuring avec notamment La Fouine, Mafia K’1 Fry ou Sefyu. « Les plus grands de l’époque », rappelle-t-il. En proposant toujours une musique « urbaine », Izno – de son nom de scène – décide de prendre une direction solo en 2012 et continue d’assurer des partenariats de prestige. « J’ai fait les premières parties de Black M et de Maître Gims à l’AccorHotels Arena avec H Magnum, c’est d’ailleurs grâce à lui que j’ai atteint ce niveau », assure le Saranais. Par sa musique, G. Goudiaby cherche à toucher le plus de monde possible, loin de la grossièreté : « chez moi, assure-t-il, il n’y a pas d’insultes, que de la franchise. Ma mère, qui a toujours un œil sur moi, écoute toujours mes chansons. Je ne peux pas me permettre de lui faire écouter des insanités. » Par ses textes, Izno essaye « d’être humain » et de « donner l’exemple », en prônant des valeurs comme le respect, l’amour et les liens familiaux. Sans hésitation, il cite Salif Keïta et Admiral T pour modèles artistiques, mais aussi Nelson Mandela et Thomas Sankara comme inspirations politiques.
Car la musique n’est finalement qu’un morceau du puzzle que représente G. Goudiaby. En 2015, celui-ci a créé, avec un membre de sa famille, sa propre ligne de vêtements et vient officiellement de la commercialiser cette année. Nommée TNPMQM pour Tu N’es Pas Meilleur Que Moi, cette marque est née d’un désir de fermeté : « avec mon petit cousin, nous sommes des personnes téméraires, avec des gros caractères : on n’aime pas se laisser marcher sur les pieds. » On avait deviné. Pulls à capuche, tee-shirts, leggings et chaussettes sont proposés dans « un style sportif, aux concepts biologique et recyclé. » TNPMQM sponsorise également les athlètes du Club Rod, équipe orléanaise de MMA (arts martiaux mixtes associant pugilat et lutte au corps à corps). « Bientôt, on va avoir un gros sponsor avec le champion du monde dans la catégorie pied/poing », prévient l’entrepreneur. Jamais rassasié, Izno pratique lui-même le sport de combat et fait beaucoup de courses à pied. Et toujours dans cette optique de donner l’exemple, il dispense aussi des cours de boxe à des jeunes « pour leur donner de la motivation, maîtriser leur corps et leur apporter un bien-être. »
Famille, entraide et ambitions
G. Goudiaby ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, et son cerveau contient encore de très nombreux projets « de distribution, de commerce, de musique ». Mais il préfère rester vague, parce qu’il n’y a pour le moment rien d’officiel. Ou plutôt si : l’un de ses desseins semble être sur le point de se concrétiser. « Je suis en train de développer une boîte de fast-food africain : Awa Food », dans laquelle sa belle-sœur sera cuisinière. Alors que l’entretien aurait pu partir en déconfiture, c’est finalement de la meilleure des manières qu’il se conclut. Car chez Izno, on comprend qu’il est constamment question de famille, d’entraides et d’ambitions débordantes. Trois valeurs qui ne sentent définitivement pas l’eau de boudin.