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Jean-Christophe Rocher : très drone
Portrait

Jean-Christophe Rocher : très drone

Depuis qu’il a 19 ans, cet ancien dirigeant d’une entreprise de pompes funèbres a multiplié les expériences. Patron d’une boîte d’audiovisuel, ancien directeur de cabinet dans une mairie loirétaine et désormais formateur pour piloter des drones, il dit avoir déjà eu le luxe de prendre au moins deux « retraites ». Normal quand on a eu plusieurs vies…
Ambre Blanes
09/11/1977 : Naissance à Orléans
2008 : Obtient son premier diplôme, une licence de management des organisations
2014 : Devient directeur de cabinet à la mairie de Beaugency

Vous êtes accrochés ? Alors attachez vos ceintures : l’existence de Jean-Christophe Rocher, 45 ans au compteur, est pleine de sauts, de courbes et de bosses. L’homme est né à Orléans, où ses parents tenaient une station-
service. Après un passage en région parisienne, la famille s’installe en 1981 à Beaugency. Son père rachète alors une menuiserie à Lailly-en-Val, qu’il complète par une activité de pompes funèbres. Ayant un goût peu prononcé pour l’école, le fiston s’oriente vers des études dans le domaine forestier, mais des notes peu brillantes en sciences lui en ferment les portes. Investi dès le collège dans la vie associative, il participe cependant déjà au conseil d’administration, au Foyer ou aux activités extra-scolaires. « Si j’étais allé à la fac, s’amuse-t-il, je sais ce que j’aurais fait : j’aurais participé à la vie étudiante, à Radio Campus, mais je n’y serais pas allé pour le cursus ! »

Au sortir de l’école, le garçon préfère sauter dans le bain de la vie active en créant à 19 ans sa première entreprise dans l’univers de la sonorisation, de l’éclairage et de l’audiovisuel. Service militaire oblige, l’aventure prend fin rapidement. À son retour, il saute sur une opportunité que lui présente Christian Sterne, de la compagnie de théâtre balgentienne Les fous de Bassan, où il rentre comme employé permanent, en charge de la partie administrative et technique. Puis il reprend à Romorantin, en 2003, une affaire de pompes funèbres avec son père et en assure la direction. Il crée alors des chambres funéraires, deux établissements secondaires et prodigue de la formation au centre de l’École nationale des agents funéraires à Paris. En 2012, il préfère revendre ses entreprises au géant régional Caton pour « prendre sa retraite », comme il dit. Son ami David Faucon qui souhaite se lancer dans la campagne des municipales à Beaugency, lui propose alors de l’accompagner. Les élections gagnées, Jean-Christophe Rocher devient directeur de cabinet. « Je ne connaissais pas la fonction publique mais je connaissais l’entité mairie et de nombreux agents balgentiens, raconte-t-il. J’avais l’intention d’aller au bout d’une mission au service de la Ville et des citoyens. » N’ayant pas envie de demeurer fonctionnaire, il démissionne par anticipation, avec l’accord du maire, en 2019, puis entre en formation de développeur web à la Wild Code School, au Lab’O. Entre-temps, en 2018, Jean-Christophe Rocher et son épouse Bénédicte ont racheté, en association avec le pâtissier Fabrice Caque, le CASA du centre-ville de Beaugency, qu’ils transforment en Proxi Market en quatre mois de temps. « Tout le monde nous prenait pour des fous furieux, ce qu’on est probablement », confesse aujourd’hui l’intéressé. Si sa femme en est la gérante, Jean-Christophe Rocher en est le soutien moral. Au Lab’O, il apprend quand même le langage web, ce langage un peu particulier parlé par des experts et qui rend les choses compliquées pour un néophyte. Cependant, son ambition initiale de venir en aide aux chefs d’entreprise en créant de petits outils digitaux qui viendraient remplacer un logiciel vendu cher et qui n’est utilisé qu’à 3 % de ses capacités n’est pas réaliste avec le niveau obtenu. Jean-Christophe Rocher prend alors, de nouveau, un peu de temps pour lui. « C’est important de “prendre sa retraite” régulièrement, explique-t-il. J’ai eu la chance de faire une pause tous les huit ans, de prendre le temps de vivre sans le stress du travail quand le besoin de travailler n’est pas absolu. »

Officier pompier

Avec le confinement, il assure quand même les livraisons par camion du Proxi Market, qui passent de quatre commandes hebdomadaires à… cinquante par jour. L’an dernier, ce pompier volontaire devenu officier a passé son diplôme de pilote de drone pour pouvoir intégrer l’équipe drônes-pompiers. En septembre, il a intégré l’entreprise qui l’a formé et en a pris la responsabilité du centre de formation, s’engageant lui-même dans une formation de… formateurs pour adultes. « Le fait de ne pas avoir fait ce que je voulais faire au départ m’a poussé à faire plein de choses, assure Jean-Christophe Rocher. Tout m’intéresse, alors je me forme, je fonce, je fais le job. » La forêt, il la regarde de loin, mais si ça ne tenait qu’à lui, il assure qu’il s’occuperait d’un chalet à la montagne. Qui sait, ce sera peut-être pour sa retraite. La vraie.

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