Après une année compliquée pour la peinture et les artistes en général, Jérôme Bailly est bien lancé, avec une nouvelle exposition, en ligne dès le 20 mars. « Avec le confinement, comme beaucoup de parents, j’ai découvert l’école à la maison, sourit-il. 2020 aura été très productive pour certains artistes, pour d’autres non. C’est mon cas. Pour moi, cela revient maintenant. Les idées viennent de plus en plus… »
Pour décrire sa peinture, Jérôme Bailly dit aimer créer du fantastique « avec rien ». Il apprécie ainsi les formes des cafetières et théières des années 30 à 50, qu’il détourne ensuite dans ses toiles. N’allez cependant pas croire qu’il est un grand buveur de ce genre de boisson chaude ; seule la beauté de l’objet lui plaît, et surtout lui permet de faire basculer son tableau, aux détails très réalistes, dans la fantaisie. Chez lui, la dérision est également souvent au rendez-vous, ce qui donne beaucoup de légèreté et de poésie à sa peinture.
Fils du peintre orléanais Jean Bailly, notre interlocuteur, qui faisait aussi de la BD, est devenu artiste peintre assez naturellement. « Au début, je ne pensais pas en faire mon métier, explique-t-il. C’était comme une récréation. Et puis un jour, il y a eu le Salon des artistes orléanais, et je me suis dit que j’allais faire un petit tableau. Celui-ci a été exposé et s’est vendu. J’en ai fait ensuite de plus en plus. » De quoi en délaisser la bande dessinée… Mais outre la BD, Jérôme Bailly a aussi été dessinateur de presse à… Tahiti ! « Ma sœur y vivait et y était rédactrice. J’ai dessiné sur la politique locale. C’était sympa. » Côté formation, Jérôme Bailly souligne avoir fait un rapide passage à l’IAV – École des Beaux-Arts d’Orléans (aujourd’hui ESAD), mais il n’était « pas scolaire », reconnaît-il avec malice. Au fil des ans et avec la maturité, il a appris à « aimer passer du temps sur ses toiles » afin de travailler les détails et l’intensité des couleurs. Le résultat est là ; il suffit de regarder cette toile où dorment sa fille et le chat de ses parents (photo). Un savant jeu d’échelles… « J’ai fait poser ma fille avec un coussin pour prendre la position et des photos du chat m’ont été envoyées par mes parents », détaille-t-il. Comme son paternel auparavant, Jérôme Bailly élève ses trois enfants dans une maison qui lui sert également d’atelier. « Mon père a toujours eu un regard bienveillant, explique-t-il. Je n’ai eu aucune pression. À la maison, nous l’avons toujours vu peindre, ou plutôt nous voyions ses toiles avancer car il peignait la nuit, à l’époque où il était encore kinésithérapeute. » Pour commercialiser ses toiles, l’artiste orléanais qui fait rouler les théières à travers ses toiles peintes à l’acrylique est présent dans les galeries, mais aussi lors de salons, qui reprennent, se félicite-t-il au passage. L’artiste travaille également avec un agent basé à Londres, qui vient, entre parenthèses, du… Brésil ! En effet, même si Jérôme Bailly a exposé plusieurs fois au Salon des artistes orléanais et que l’on peut facilement venir voir ses toiles sur rendez-vous, ses tableaux sont achetés au-delà des frontières françaises. « Il y en a dans différentes collections en Allemagne, en Angleterre… » Sans aller aussi loin, on en trouve même dans les collections du Conseil départemental du Loiret. D’ailleurs, une reproduction d’une des toiles de Jérôme Bailly évoquant un banc de sable de Loire et la cabane d’une toue avec un mât a été achetée, il y a trois ans, lors du Salon des artistes orléanais, pour entrer dans les collections du MOBE.
En voyage intérieur
Le peintre travaille aussi régulièrement pour des commandes. « C’est une contrainte intéressante, car elle me permet de peindre des tableaux que je n’aurais pas réalisés autrement », indique-t-il. Quand on lui demande s’il s’imaginerait vivre ailleurs que dans la cité johannique, Jérôme Bailly répond simplement qu’il suivra son épouse… « Je peux travailler partout et je voyage dans ma tête ! »