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Maher Ayzouki : de la Syrie à Fleury
Portrait

Maher Ayzouki : de la Syrie à Fleury

La Commission Médicale d’Établissement de l’Établissement public de santé mentale (EPSM) Georges Daumézon a un nouveau président depuis novembre dernier. Il s’agit du docteur Maher Ayzouki, né en Syrie mais surtout psychiatre de longue date, expert auprès de la Cour d’appel d’Orléans et… médecin-commandant chez les sapeurs-pompiers !
Gaëla Messerli
30/01/1963 : Naissance à Tartūs (Syrie)
1995 : Arrivée dans la métropole orléanaise
2021 : Devient président de la commission médicale d’établissement de l’établissement public de santé mentale (EPSM) Georges Daumézon

Dans les locaux du pavillon de médecine générale en travaux, Maher Ayzouki, chef du pôle psychiatrie adultes par intérim et président de la Commission Médicale d’Établissement (CME), nous accueille avec les yeux qui sourient derrière le masque. Qui se cache derrière l’un de ces médecins qui font tourner la psychiatrie loirétaine ? D’abord, un ancien étudiant féru de mathématiques. « J’étais très attiré par cette matière et j’ai été aussi influencé par mes notes, résume-t-il. J’ai un frère professeur de maths qui voulait que je prenne cette voie, mais moi, j’avais la fibre pour la médecine, l’envie d’aider les gens. »

Après ses études à Damas, en Syrie, deux chemins s’offrent à l’époque – nous sommes dans les années 90 – à Maher Ayzouki : les États-Unis ou la France. Les relations diplomatiques du moment jouent pour la patrie de Voltaire. « La psychiatrie manquait en Syrie, et j’aime les relations humaines », précise en outre l’intéressé, qui se dirige vers Montpellier et Nîmes lors de son internat de médecine, avant d’arriver dans l’Orléanais en 1995. « Pendant six mois, je suis allé à l’Institut de langue française à Tours, raconte-t-il. C’est comme ça que j’ai découvert l’établissement Daumézon. J’y ai été très bien reçu et l’ensemble du personnel m’a rapidement adopté. » Certains croient depuis peut-être voir chez ce médecin « qui a tendance à prendre son temps » quelques traits de ressemblance avec le regretté docteur Roger Gentis. « Je ne suis pas pressé avec les patients, lance malicieusement Maher Ayzouki. Et quand je n’ai pas de solution, je joue sur le temps. » Du temps, il a pu en avoir à Daumézon pour mettre en place ses projets. « J’ai pu ouvrir un centre médico-psychologique à l’Argonne à Orléans, alors je ne vois pas l’intérêt de changer d’établissement, justifie-il. L’hôpital est proche de Paris, mais sans en avoir les inconvénients ! » Après le Centre Médico-Psychologique de La Source, le Pavillon des Fougères mais aussi le service de Pithiviers pendant dix ans, Maher Ayzouki a été élu deux fois président de la Commission Médicale d’Établissement, avant un nouveau mandat de quatre ans. « Le rôle de la commission est l’amélioration de la sécurité des soins et le projet médical, la progression professionnelle des médecins », explique-t-il. Sinon, quid de la psychiatrie loirétaine aujourd’hui ? « C’est la catastrophe depuis six ans, répond notre expert fleuryssois. Il manque 60 infirmières et 25 % des médecins. Ce n’est pas un problème de moyens financiers, mais certains établissements proposent plus encore. La concurrence est rude. Même si je ne suis pas favorable au projet de partenariat entre Orléans et Zagreb, on ne “fabrique” pas assez de médecins en France. Pourtant, on ne manque pas de terrains de stages : beaucoup de collègues sont prêts à coopérer. » Maher Ayzouki veut d’ailleurs croire qu’Orléans aura un jour sa faculté…

Expert en chef

Dans une manière de s’ouvrir à d’autres possibles, l’homme est également depuis 2015 l’un des experts-psychiatres auprès de la Cour d’appel d’Orléans. Une activité nécessaire « au fonctionnement de la Justice. Pour tout ce qui touche aux infractions sexuelles, les tribunaux ne peuvent juger sans passer par un expert ». Maher Ayzouki peut réaliser jusqu’à 20 ou 30 expertises par semaine… Il est aussi médecin-commandant des pompiers, grade qui lui a été conféré après avoir pris en charge la cellule psychologique de Tahiti lors d’un tremblement de terre. Du coup, il veille aussi sur l’état psychologique des pompiers loirétains… De quoi bien occuper cet homme qui n’a jamais voulu abandonner le service public. Et même si sa vie est en France, où il a fait toute sa carrière et rencontré sa femme, il garde la Syrie « dans son cœur. » Il possède d’ailleurs, là-bas, un cabinet et un appartement qu’il n’a jamais utilisés, ainsi que des champs d’oliviers. À cause de la guerre, cela fait plusieurs années qu’il n’a pu y retourner. « J’attends que tout cela se termine… » conclut-il dans un soupir.

Une réponse

  1. Bonsoir docteur Ayzouki,
    Nous avons rdv lundi 25/04/22, à 9h30.
    Je suis Christine Garuz, la maman de Mathias Rami.
    Je prépare ce rdv que j’attends depuis plusieurs mois.
    Je m’étais déjà renseignée sur vous il y quelques semaines.
    J’avais lu un article datant de 2013.
    Ce soir je tombe sur votre portrait « de la Syrie à Fleury », daté du 24/02/22.
    Ce n’est pas du tout ce qui va nous occuper lundi 25/04/22, mais je suis émue de lire votre soupir de la fin.
    Effet de journaliste peut être.
    J’ai eu l’occasion de me promener en Syrie, il y a très longtemps, 1991.
    En mode roots, arrivée en taxi collectif en provenance d’Amman, Jordanie. Longue route dans le désert très chaud.
    Merveilleux pays, magnifiques personnes rencontrées.
    Souvenirs impérissables.
    J’attends aussi que la paix revienne un jour pour y retourner.
    A lundi 25/04 donc pour parler de Mathias.
    Bien à vous.

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